CHAPITRE X. LES PROPHÉTIES N'ONT POINT ÉTÉ FAITES APRÈS COUP.
Il serait bien plus à craindre qu'ébloui par une telle évidence des faits, il n'en vînt à dire que les chrétiens ont composé ces prophéties après que le monde a été témoin des événements qui en sont l'objet, afin de faire croire que ceux-ci avaient été prédits par inspiration divine, et d'empêcher qu'on les rejetât avec mépris comme des faits purement humains et arrivés par hasard. Cela serait à craindre, si le peuple Juif n'était répandu et connu partout: autre Caïn qui a été marqué d'un signe pour que personne ne le tue[^2]; autre Cham esclave de ses frères[^3], qui porte des livres qui servent à instruire ceux-ci, et lui sont à charge à lui-même il.[^4] Car par ses livres nous prouvons que ces prophéties n'ont point été écrites par nous après les événements, mais qu'elles ont été faites autrefois et conservées dans ce royaume, et qu'elles sont maintenant manifestées et accomplies: et ce qu'elles pouvaient avoir d'un peu obscur (car toutes ces choses « leur arrivaient en figure, et elles ont été écrites pour nous, pour qui est venue la fin des temps[^5] ») est maintenant éclairci et mis au jour, et ce qui restait caché sous les ombres des choses à venir, est aujourd'hui révélé par l'éclat des faits accomplis.
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Gen. IV, 15.
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Id. IX, 25.
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Rétract. liv. II, ch. VII, n. 3.
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I Cor. X, 11.