CHAPITRE V. IL EN RÉPROUVE ÉGALEMENT UNE SECONDE.
Lui présenterons-nous encore cet autre passage, que vous alléguez aussi souvent « Ils verront leur vie suspendue, et ils ne croiront pas à leur vie[^4] ? » Vous ajoutez « Sur le bois », qui ne se lit pas dans le texte. Mais rien n'est plus facile que de prouver qu'il ne s'agit pas ici du Christ. En effet, parmi les terribles malédictions lancées contre son peuple, dans le cas où il serait infidèle à sa loi, Moïse ajoute celle-ci: qu'ils seront prisonniers de leurs ennemis, qu'ils penseront à la mort jour et nuit, et ne compteront pas même sur une vie due à la générosité des vainqueurs, parce que toujours incertains, toujours tremblants, ils se sentiront constamment sous la pointe du glaive. Il n'y a donc rien là qui se rapporte au Christ et il faut chercher ailleurs. Car j'ai peine à croire que vous appliquiez au Christ la malédiction formulée contre quiconque est suspendu au bois[^5] ; ou cet autre passage où l'on dit qu'il faut mettre à mort tout prophète ou chef du peuple qui tenterait de détourner les Israélites de leur Dieu ou de transgresser quelqu'un des commandements[^6] : ce que le Christ a certainement fait, je ne saurais le nier. Mais toi, au contraire, tu ne peux convenir que ces choses aient été écrites du Christ ; autrement, nous te demanderions encore une fois dans quel esprit Moïse a prophétisé, pour maudire le Christ ou le condamner à mort. Car s'il a eu l'esprit de Dieu, il n'a pas dit cela du Christ ; et s'il l'a dit du Christ, il n'a pas eu l'esprit de Dieu. En effet, l'Esprit divin ne maudirait pas le Christ, ou ne le condamnerait pas à mort. Donc, pour laver Moïse de ce crime, vous êtes forcés d'avouer qu'il n'avait pas le Christ en vue quand il écrivait cela. Et s'il n'a pas écrit cela du Christ, ou vous produirez d'autres témoignages, ou il n'y en a pas. S'il n'y en a pas, le Christ n'a pas pu affirmer ce qui n'est pas. Et si le Christ n'a pas affirmé cela, il est donc évident que le chapitre est faux.
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Deut. XXVIII, 66.
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Id. XXI, 23.
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Id. XIII, 5.