CHAPITRE XXXII. LES CHRÉTIENS SONT LES VRAIS OBSERVATEURS DE LA LOI DE MOISE, QUE LES JUIFS TRANSGRESSAIENT.
Ici, évidemment, le mensonge est à découvert; il est parfaitement prouvé que le Christ n'a pas donné un enseignement à la foule et un autre à ses disciples; il est hors de doute qu'il faut accuser de mensonge et d'imposture les Manichéens plutôt que Moïse, plutôt que le Christ, plutôt que la doctrine des deux Testaments, figurée dans l'un, révélée dans l'autre, prophétisée dans le premier, réalisée dans le second. Comment donc prétendent-ils que les chrétiens n'observent rien de ce que Moïse a écrit, quand ils observent tout, non plus en figures, mais dans les réalités mêmes que les figures annonçaient prophétiquement? Autrement quand l'écriture et la lecture auraient lieu en des temps différents, on pourrait dire que le lecteur ne lirait pas, puisqu'il ne formerait pas lui-même les caractères : ces caractères étant les figures des sons; et lui, lecteur, produisant les sons, par une simple attention à voir les figures, mais non à les former. Or les Juifs ne croyaient point au Christ, parce qu'ils n'observaient pas même ce que Moïse avait prescrit ouvertement et sans le voile des figures. Aussi le Sauveur leur dit-il : « Vous payez la dime de l'aneth et du cumin, et vous négligez les choses les plus a graves de la loi; vous employez un filtre pour le moucheron et vous avalez le chameau ; il fallait faire ceci et ne point omettre cela[^1] ». De là venait qu'ils enseignaient par leurs traditions la manière de transgresser le précepte du Seigneur, qui exigeait qu'on honorât ses parents : orgueil et injustice qui leur ont attiré l'aveuglement qui les empêchait de comprendre le reste, parce que dans leur impiété ils méprisaient ce qu'ils comprenaient.
- Matt. XXIII, 23, 24.