CHAPITRE II. LES ÉVANGILES SONT SUPPOSÉS; ILS NE S'ACCORDENT SUR RIEN.
Quoi! si le Testament du Père renferme des parties où il est difficile de reconnaître sa voix (car vous prétendez que la loi judaïque a été donnée par le Père, et nous savons combien elle renferme de choses qui vous font horreur, des choses dont vous rougissez, au point que, depuis longtemps, vous la croyez altérée quant à l'esprit, bien qu'une partie ait été écrite pour vous de la main même du Père, et une autre de la main de Moïse), quoi! vous imaginerez-vous que le Testament du Fils seul n'a pu être gâté, seul ne renferme rien qui doive être désapprouvé, surtout quand il est certain que ce n'est point lui qui l'a écrit, ni ses Apôtres, mais je ne sais quels personnages douteux qui, pour rendre croyable ce qu'ils écrivaient sans savoir et longtemps après coup, ont mis en tête de leurs livres soit les noms des Apôtres, soit les noms de ceux qui avaient suivi les Apôtres, en affirmant qu'ils écrivaient d'après eux? En quoi, ce me semble, ils ont fait grande injure aux disciples du Christ; puisqu'ils mettaient sur leur compte leurs propres divergences et leurs contradictions, et affirmaient écrire d'après eux des Evangiles remplis de tant d'erreurs, de tant de récits et de sentences contradictoires, au point de ne s'accorder en aucune façon ni entre eux ni avec eux-mêmes. N'est ce pas là simplement calomnier les gens de bien, et jeter un brandon de discorde dans l'assemblée fraternelle des disciples du Christ? Or, en les lisant, en les étudiant avec 1'œil parfaitement pur de notre coeur, nous avons jugé qu'il était de toute justice d'en prendre ce qu'il y a d'utile, c'est-à-dire ce qui est propre à édifier notre foi et à procurer la gloire du Christ Notre-Seigneur, et de son Père le Dieu tout-puissant; puis de rejeter le reste qui ne s'accorde ni avec la Majesté divine ni avec notre foi.