CHAPITRE II.
DE L’ESSENCE DIVINE.
- Cependant on ne saurait douter que Dieu ne soit une substance, ou essence, ce que les Grecs nomment hypostase. Et en effet, de même que le mot sagesse dérive du verbe sapere, discerner, et le mot science du verbe savoir, l’essence suppose un être qui existe par lui-même. Or, quel est l’être qui réalise le mieux cette condition, si ce n’est celui qui disait à Moïse son serviteur : « Je suis celui qui suis »; et encore : « Celui qui est m’envoie, vers vous (Ex., III, 14 ) »? Mais en dehors de Dieu, toute essence, ou toute substance est soumise à divers accidents qui l’assujettissent à une plus ou moins grande mutabilité. Dieu au contraire ne saurait éprouver rien de semblable. Et c’est pourquoi il est seul l’être souverainement immuable. Aussi, par cela seul qu’il ne tient l’être d’aucun autre que de lui-même, le nom d’essence lui convient parfaitement. Car on ne peut dire que l’être qui est sujet au changement, soit toujours le même, puisque, lors même qu’il n’en éprouverait aucun, la seule possibilité d’y être soumis fait qu’il cesse d’être souverainement immuable. Mais s’agit-il de Dieu, j’affirme que loin d’éprouver aucun changement, il ne peut en aucune manière y être assujetti. Aussi son immutabilité est-elle une vérité incontestable.