30.
Voyez comme cette distinction s'accorde parfaitement avec ces paroles de l'Apôtre, que j'ai rapportées et discutées plus haut, sur un autre sujet. « Vous faites voir », dit-il, « que vous êtes la lettre de Jésus-Christ, dont nous avons été les secrétaires, et qui est écrite, non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant; non sur des tables de pierre, mais sur dès tables de chair, qui sont vos coeurs ». N'est-ce pas nous dire clairement que la loi des oeuvres est écrite hors de l'homme, afin de l'effrayer extérieurement, tandis que la loi de la foi est écrite dans l'homme lui-même, afin de le justifier intérieurement? Quant à ces tables charnelles du coeur, il entend par là, non point la prudence charnelle, mais ce qu'il y a de vivant et de sensible dans l'homme, en comparaison de la pierre, qui n'est douée d'aucune sensibilité. Un peu plus loin, l'Apôtre remarque que les enfants d'Israël ne pouvaient regarder le visage de Moïse, et voilà pourquoi il leur parlait comme à travers un voile ; cela veut dire que la lettre de la loi ne justifie personne et qu'il y avait comme un voile posé sur la lecture de l'Ancien Testament, jusqu'à ce que le Christ vînt et déchirât ce voile, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'homme fût arrivé à la grâce et comprît parfaitement que c'est de lui que nous vient la justification qui nous aide à accomplir ce qui nous est commandé. D'ailleurs, si Dieu nous commande, n'est-ce point afin que, comprenant notre faiblesse et notre impuissance, nous cherchions en lui notre refuge et notre appui? L'Apôtre venait de dire : « Nous avons toute notre confiance en Dieu par Jésus-Christ »; mais afin que nous ne soyons pas tentés d'attribuer cette disposition à nos propres forces, il ajoute aussitôt ce développement à sa pensée : « Non pas que nous soyons capables d'avoir une pensée comme venant de nous-mêmes; car nous n'avons de pouvoir que celui qui nous vient de Dieu, qui nous a établis les ministres du Nouveau Testament, non pas de la lettre, mais de l'esprit. Car la lettre tue, mais l'esprit vivifie ».