49.
Voulant réprimer l'orgueil des Juifs, l'Apôtre leur disait: « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux-là seuls seront justifiés, qui accomplissent la loi». Puis aussitôt il fait mention de ceux qui, « n'ayant pas la loi, accomplissent naturellement les prescriptions de la loi » . Or, si par ces paroles l'Apôtre désigne, non pas ceux qui appartiennent à la grâce du Médiateur, mais ceux qui, sans rendre au vrai Dieu un culte légitime, font encore quelques bonnes actions, malgré l'impiété de leur vie, quel résultat saint Paul pouvait-il espérer de ses paroles? Voulait-il uniquement prouver, comme il l'avait dit plus haut, « que Dieu ne fait aucune acception de personnes », ou bien, comme il le dira plus loin, « que le Seigneur est le Dieu, non pas seulement des Juifs, mais encore des Gentils1? » Mais dans ces hommes qui n'ont pas reçu la loi, pourrait-on trouver les œuvres naturelles de la loi, toutes petites qu'elles fussent, si l'image de Dieu n'avait laissé quelques traces dans leur âme ? Et cette image, lorsqu'il leur est donné de croire en Dieu, peut-elle être méprisée par celui qui ne fait point acception des personnes ?
Quelle que soit, d'ailleurs, l'opinion que l'on adopte, il est certain que, par l'organe même du Prophète, le Seigneur a promis sa grâce au Nouveau Testament; cette grâce doit avoir pour caractère principal d'écrire la loi de Dieu dans le coeur des hommes et de les amener à cette connaissance de Dieu, qui dispensera le fidèle « d'instruire son prochain ou son frère en lui disant : Connaissez le Seigneur, car tous le connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand ». C'est là le don du Saint-Esprit, par lequel la charité est répandue dans nos coeurs, non pas une charité quelle qu'elle soit, mais la charité de Dieu, procédant d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi véritable2. Le juste qui vit de cette charité sur la terre, après n'avoir vu Dieu qu'à travers un voile et en énigme, le contemplera un jour face à face, et après n'avoir connu qu'en partie, il connaîtra parfaitement comme il est connu lui-même3. Il a demandé une grâce au Seigneur, et il la lui demande encore, d'habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de sa vie, pour y contempler la beauté du Seigneur4.