XXIX.
Mais de quelque part que vienne l'erreur, elle a donc régné jusqu'à ce qu'elle ait été détruite par l'hérésie. La vérité attendait donc que les Marcionites et les Valentiniens vinssent la délivrer! Cependant on prêchait mal, on croyait mal, tant de milliers de milliers d'hommes étaient mal baptisés, tant d'œuvres de foi mal faites, tant de prodiges mal opérés, tant de dons surnaturels mal conférés, tant de sacerdoces et de ministères mal exercés, tant de martyrs enfin mal couronnés! Et si ce n'était ni mal ni en vain, comment pouvait-il y avoir une religion, un culte de Dieu avant que Dieu fût connu des Chrétiens, avant qu'on eût trouvé le Christ? Comment l'hérésie existait-elle avant la véritable doctrine, puisqu'en toutes choses la vérité précède l'image, l'ombre suit le corps? Mais quelle absurdité de prétendre que l'hérésie est antérieure à la véritable doctrine qui nous a annoncé qu'il y aurait des hérésies, et qui nous avertit de les éviter! C'est à l'Eglise, dépositaire de cette doctrine, qu'il est dit, ou plutôt c'est cette doctrine même qui dit à l'Eglise: « Si un ange vient du ciel vous annoncer un autre Evangile que celui que je vous ai annoncé, qu'il soit anathème. »