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Werke Johannes Cassianus (360-435) Collationes patrum

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Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern (BKV)

7. Über die erste Absicht Gottes und seine tägliche Fürsorge.

Die Absicht Gottes, in der er den Menschen nicht dazu geschaffen hatte, daß er zu Grunde gehe, sondern daß er ewig lebe, bleibt fest stehen. Wenn seine Güte ein noch so kleines Fünklein guten Willens in uns aufleuchten sieht oder eines, Das er selbst gleichsam aus dem harten Kiesel unseres Herzens geschlagen hat, so pflegt er es und weckt es und stärkt es durch seine Eingebung, da er will, daß alle Menschen selig werden und zur Erkenntniß der Wahrheit gelangen. „Es ist nicht,“ sagt er, 1 „Wille bei euerm Vater, der im Himmel ist, daß eines von diesen Kleinen verloren gehe.“ Und wieder heißt es: 2 „Gott will nicht, daß eine Seele verloren gehe, sondern hält Rath und gedenket, daß nicht ganz zu Grunde gehe, der verstoßen ist.“ Denn Gott ist wahrhaft und lügt nicht, wenn er mit Betheuerung versichert 3 „So wahr ich lebe, spricht der Herr, Gott, ich will nicht den Tod des Sünders, sondern daß er sich bekehre von seinem Wege und lebe.“ Denn wer nicht den Willen hat, daß eines von den Kleinen zu Grunde gehe, wie darf man von ihm ohne große Gotteslästerung glauben, daß er nicht durchaus Alle, sondern nur Einige statt Aller gerettet wissen wolle? Welche immer also zu S. b66 Grunde gehen, sie gehen verloren gegen seinen Willen, da er ja einem Jeden von ihnen täglich zuruft: 4 „Bekehret euch von euren schlechten Wegen! Warum auch wolltet ihr des Todes sein, Haus Israel?“ Und wieder: 5 „Wie oft wollte ich deine Kinder sammeln, wie eine Henne ihre Jungen sammelt unter ihre Flügel, und du hast nicht gewollt!“ „Und warum,“ heißt es, 6 „hat sich abgewendet dieses Volk in Jerusalem mit hartnäckiger Abkehr? Verhärtet haben sie ihr Angesicht und wollen nicht zurückkehren.“ Zu Handen also ist täglich die Gnade Christi, und da sie will, daß alle Menschen selig werden und zur Erkenntniß der Wahrheit gelangen, ruft sie auch Alle ohne irgend eine Ausnahme und sagt: 7 „Kommet Alle zu mir, die ihr mühselig und beladen seid, und ich will euch erquicken.“ Wenn sie aber nicht Alle insgesammt, sondern nur Einige ruft, so folgt daraus, daß auch nicht Alle beladen sind, sei es mit der Erbsünde oder persönlichen Schuld, und daß auch jener Ausspruch nicht wahr ist: 8 „Alle haben gesündigt und entbehren der Ehre vor Gott;“ daß man ferner nicht glauben darf, es sei der Tod auf alle Menschen übergegangen. Und so sehr gehen alle Verlorenen gegen den Willen Gottes zu Grunde, daß man nicht einmal sagt, Gott habe den Tod geschaffen, da Solches die hl. Schrift bezeugt: 9 „Gott hat den Tod nicht gemacht, noch freut er sich an dem Untergange der Lebendigen.“ Daher kommt es, daß unser Gebet sehr oft später oder gar nicht erhört wird, weil wir etwas für uns Schädliches verlangen, während sich der Herr ein ander Mal herabläßt, uns zu unserm Nutzen selbst gegen unsern Willen wie der wohlmeinendste Arzt Das zu geben, was wir für schädlich halten. Oft auch hält der Herr unsere verderblichen Anordnungen und todbringenden Unternehmungen in ihrem fluchwürdigen Erfolge auf, macht sie zu nichte und zieht die dem Tode Entgegeneilenden zum Heile oder entreißt die Blinden dem Abgrunde der Unterwelt.


  1. Matth. 18, 14. ↩

  2. II. Kön. 14, 13. ↩

  3. Ezech. 33, 11. ↩

  4. Ebend. ↩

  5. Matth. 23, 37. ↩

  6. Jerem. 8, 5. ↩

  7. Matth. 11, 28. ↩

  8. Röm. 3, 23. ↩

  9. Weish. 1, 13. ↩

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Conférences de Cassien sur la perfection religieuse

7.

1 La protection divine ne nous abandonne jamais, et la tendresse du Sauveur est si grande à l'égard de la créature, que non-seulement sa providence l'accompagne, mais encore qu'elle la devance toujours. Le Prophète, qui le savait par expérience, le confesse hautement : « Mon Dieu, votre miséricorde me préviendra. » (PS. LVIII , 11.)

Non-seulement sa bonté inspire les saints désirs , mais elle lui ménage des occasions de salut et les moyens de bien faire. Elle montre la bonne route à ceux qui s'égarent; elle fait trouver à ceux qui ne cherchent pas; elle se révèle à ceux qui ne la demandent pas , et sans cesse le Sauveur a les bras étendus vers ce peuple qui ne croit pas et qui blasphème. Il appelle ceux qui résistent et qui sont éloignés, il les attire malgré eux vers le bien; il ôte à ceux qui veulent pécher la volonté de le faire, et il résiste par miséricorde à ceux qui préparent le mal , parce que « cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de la miséricorde de Dieu » (Rom., IX, 16), « qui agit en nous sur nos volontés et sur nos actes pour le bien. » (Philip., II, 13.) « Et cela ne vient pas de nous : puisque c'est un don de Dieu et que nous ne devons pas nous glorifier de nos oeuvres. » (Éph., II, 8, 9.)

Que dit, en effet , le Sauveur : « Personne ne vient au Père si ce n'est par moi » (S. Jean, XIV, 6), « et personne ne vient à moi si mon Père ne l'attire. » (S. Jean, VI, 44.)

Que disons-nous dans notre prière ? « Dirigez ma voie en votre présence » (Ps. V, 9), « conduisez mes pieds dans vos sentiers, de peur que mes pieds ne s'égarent. » (Ps. XVI, 5.) Et enfin qu'est-ce que Dieu nous promet ? « Je leur donnerai un coeur nouveau et je mettrai un esprit nouveau dans leurs entrailles. J'ôterai ce coeur de pierre de votre sein et je vous donnerai un coeur de chair, afin que vous marchiez dans mes commandements, et que vous gardiez et accomplissiez ma justice.» (Ézéchiel, XXXVI, 26.)

Que demande le Prophète au Seigneur, lorsqu'il dit : « Créez en moi un coeur pur, ô mon Dieu. Lavez-moi, et je deviendrai plus blanc que la neige? » (Ps. L, 12.) Ne dit-il pas de Dieu ? « C'est lui qui donne la science à l'homme » (Ps. XXXIX, 10) , « le Seigneur éclaire les aveugles. » (Ps. CXLV, 28.) Nous disons avec le Prophète : « Éclairez mes yeux pour que je ne m'endorme jamais dans la mort. » (Ps. XII, 4.) Tous ces textes ne démontrent-ils pas que Dieu assiste toujours de sa grâce l'homme qui en a toujours besoin ?

L'Apôtre nous montre la faiblesse du libre arbitre , lorsqu'il dit: « Que le Seigneur garde vos coeurs et vos intelligences.» (Phil., IV, 7.) David nous enseigne la même chose, en disant dans sa prière : « Inclinez mon coeur vers vos préceptes et non vers l'avarice. » (Ps. CXVIII, 36.) Salomon dit aussi : « Il incline nos coeurs vers lui, afin que nous marchions dans toutes ses voies, et que nous observions tous ses commandements et toutes ses fêtes. » (III Rois , VIII 58.)

Notre prière est un aveu de notre faiblesse : « Seigneur, mettez une garde à ma bouche, et, à l'occasion, une porte à mes lèvres. » (Ps. CXL, 3.) Le Prophète dit aussi : a Le Seigneur délivre ceux qui sont enchaînés , le Seigneur éclaire les aveugles.» (Ps. CXLV, 8.) Et encore : « Vous avez brisé mes liens. » (Ps. CXV, 16.)

Le Christ, dans saint Jean, a dit : «Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire » (S. Jean, VI, 44 ) ; et saint Jean-Baptiste affirme que a l'homme ne peut avoir quelque chose de lui-même, à moins qu'il ne l'ait reçu du ciel » (S. Jean, III, 27) ; aussi le Prophète s'écrie : « Si le Seigneur ne garde la cité, celui qui la garde veille en vain. » (Ps. CCXXVI, 1.) Et l'Apôtre dit : « Dieu est celui qui fait en nous notre volonté et nos actes, selon son bon plaisir. » (Phil., II, 13.)

Si nous attribuons à notre libre arbitre la possession des vertus et l'accomplissement des préceptes divins, ,comment pouvons-nous dire en priant : « Mon Dieu , achevez ce que vous avez fait en nous » (Ps. LXVII , 26) , « et dirigez sur nous l'ouvrage de vos mains? » ,(Ps. LXXXIX,17,) Nous savons que Balaam fut conduit , pour maudire les enfants d'Israël; mais nous voyons ,qu'il ne lui fut pas permis d'accomplir son désir ,(Num. , XXII); Abimelech fut préservé de toute faute ,avec Rebecca (Gen., XXI) ; Joseph fut vendu par la jalousie de ses frères, afin que les enfants de Jacob vinssent en Égypte et que ceux qui avaient comploté sa mort fussent préservés de la famine. C'est ce que dit Joseph reconnu par ses frères : « Ne craignez pas et ne regrettez pas de m'avoir rendu captif dans ces régions; car c'est pour votre salut que Dieu m'a envoyé avant vous. » (Genes, XLV, 5.) « Dieu m'a choisi pour vous conserver sur terre et vous procurer les vivres nécessaires à votre existence. Ce n'est pas votre volonté , mais c'est la volonté de Dieu qui m'a envoyé ici, qui m'a rendu, pour ainsi dire, le père de Pharaon, le maître de toute sa maison et le prince de toute l'Égypte. » (Ibid.) Et comme, après la mort de son père, il voulait dissiper la crainte que ses frères pouvaient avoir, il leur disait : « Ne craignez rien. Est-ce que nous pouvons résister à la volonté de Dieu. Vous avez eu de mauvais desseins contre moi ; mais Dieu les a tournés en bien, pour m'élever comme vous le voyez et pour sauver beaucoup de peuples. » (Gen., L, 21.) David célèbre ce fait providentiel dans ses Psaumes , lorsqu'il dit : « Il appela la famine sur la terre et il brisa toute la force du pain ; mais il envoya un homme devant eux, Joseph fut vendu comme esclave. » (Ps. CIV, 16.)

Reconnaissons donc la vertu et l'efficacité de la grâce de Dieu, afin de ne: pas contredire la doctrine de l'Église. L'Église dit avec l'Apôtre : « Personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur, sinon par le Saint-Esprit. ». (I Cor., XII,3.) « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce n'a pas été stérile en moi, mais j'ai travaillé plus que tous les autres ; ce n'est pas moi cependant, mais la grâce de Dieu avec moi » (I Cor., XV, 10); « c'est sa miséricorde qui m'a rendu fidèle. » (I Cor. , VII, 25.) « Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que la sainteté vienne de Dieu et non de nous. » (II Cor., IV, 7.) « Ne redoutez en rien vos ennemis, car ce qui est pour eux une cause de ruine est pour vous une cause de salut , et cela vient de Dieu. C'est par le Christ qu'il vous est donné, non-seulement de croire en lui, mais de souffrir pour lui. » (Philip., I, 28.) « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, car c'est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire, selon qu'il lui plaît. » (Phil., II, 12.) « Nous ne sommes pas capables de former en nous comme de nous-mêmes une bonne pensée; c'est Dieu qui nous en rend capables. » (II Cor. III, 3.)

Dieu confirme cette vérité, lorsqu'il dit: « Personne ne peut venir à moi, à moins que mon Père ne le lui accorde. » (S. Jean, VI, 44.) » Tout ce que le Père me donne vient à moi. » (Ibid.) « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » (S. Jean, XV, 5.) « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis. » (Ibid.) « Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père; et personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui auquel il voudra le révéler. » (S. Matth. , XI, 27.) « De même que le Père rend la vie aux morts, de même le Fils ressuscite ceux qu'il veut» (S. Jean, V, 21.) « Tu es heureux , Simon Barjona , parce que la chair et le sang ne t'ont pas révélé ces choses, mais mon Père qui est dans les cieux. » (S. Matth., XVI, 17.)

Cette doctrine ne détruit pas la volonté. dans l'homme; car la vertu de la grâce n'anéantit pas les volontés, mais les rend bonnes de mauvaises qu'elles étaient. Elle les tire de l'infidélité pour qu'elles soient fidèles. De ténèbres qu'elles étaient par elles-mêmes, elles deviennent lumières dans le Seigneur; ce qui était mort, reçoit la vie; ce qui était tombé, est relevé; ce qui était perdu, est sauvé. Ceci arrive à tous les hommes qui « sont arrachés au pouvoir des ténèbres et transférés dans le royaume du Fils bien-aimé » (Col., I, 13) ; et nous croyons, sans aucune exception, que c'est par la grâce du Sauveur. Nous disons, et nous soutenons, que non-seulement nos actes, mais encore nos bonnes pensées ont toujours leur principe en Dieu, qui éveille notre bonne volonté et nous donne la force et l'occasion de l'accomplir : « car tout ce qui est bon, tout ce qui est parfait est un don du ciel qui vient du Père des lumières. » (S. Jacq., I, 17.) Celui qui commence le bien, le continue et l'achève aussi en nous. Lorsque Dieu voit que nous nous relâchons, il met dans nos coeurs des pensées salutaires qui renouvellent notre bonne volonté.

Le premier homme a été créé droit et sans aucun vice , et la nature humaine a été créée en lui. Il est certain aussi qu'il avait reçu un libre arbitre tel que, s'il avait été fidèle à Dieu qui l'assistait , les dons naturels qu'il avait reçus pouvaient nous être conservés par sa volonté. Le mérite de la persévérance l'eût fait parvenir à cette béatitude, où il n'aurait pu ni faire ni vouloir le mal; mais, par le même libre arbitre qui le fit rester bon, tant qu'il le voulut, il s'écarta de la loi qui lui avait été imposée. Le châtiment de la mort dont il était menacé ne l'arrêta pas; il quitta Dieu et suivit le démon; il se révolta contre le maître qui le conservait pour obéir à l'ennemi qui le perdait. Adam existait, et nous existions en lui; Adam est tombé, et nous sommes tombés en lui. Saint Ambroise ne se trompe pas quand il l'affirme, car la Vérité dit elle-même : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui avait péri. » (S. Luc, XIX, 10.)

En effet, cette ruine de la prévarication atteignit toute la nature humaine; mais sa substance ne fut pas plus détruite que sa volonté : elle fut seulement dépouillée de la lumière et de l'éclat des vertus par I'artifice du tentateur. Après avoir perdu ce qui pouvait la faire parvenir à la perfection incorruptible et éternelle de l'âme et du corps, que lui restait-il, si ce n'est ce qui appartient à cette vie du temps, soumise à la souffrance et à la mort? Tous ceux qui étaient nés en Adam devaient renaître dans le Christ, afin d'y re-trouver ce qu'ils avaient perdu. Car si les descendants d'Adam avaient naturellement les vertus que possédait leur père avant le péché, ils ne seraient pas, par nature, enfants de colère, ils ne seraient pas ténèbres et sous la puissance des ténèbres. Ils n'auraient pas besoin de la grâce particulière du Sauveur, puisqu'ils ne seraient pas bons inutilement et qu'ils ne seraient pas privés de la récompense de leur justice, ayant encore les biens dont la perte fit exiler nos premiers pères du paradis terrestre. Maintenant que, sans le sacrement de la régénération, personne ne peut éviter la mort éternelle, ne voyons-nous pas, par la nécessité de ce remède, dans quel abîme la nature humaine a été plongée par la chute de celui en qui tous ont péché et ont perdu ce qu'il a perdu. Il a perdu, le premier, la foi ; il a perdu la continence ; il a perdu la charité ; il s'est dépouillé de sagesse et d'intelligence; il s'est privé de conseil et de force. En voulant s'élever d'une manière coupable , il est tombé de la science de la vérité et de la douceur de l'obéissance; il ne lui est pas même resté la crainte pour lui faire éviter les fautes dont il s'abstenait par amour de la justice. Le libre arbitre, c'est-à-dire le mouvement spontané vers une chose qui plaît, s'est dégoûté des biens qu'il avait reçus; ses moyens de salut s'affaiblirent et ses désirs insensés se sont portés vers l'expérience du mal. Il a bu le poison de tous les vices , et il a souillé toute la nature humaine des excès de son intempérance. Avant de digérer ce fruit mortel , en mangeant la chair du Fils de l'homme et en buvant son sang précieux, l'humanité voit défaillir sa mémoire et s'égarer son jugement : ses pas deviennent incertains, et elle n'est propre en aucune manière à désirer et à choisir le bien dont elle s'est volontairement privée; et si elle a pu tomber sans l'intervention de Dieu, elle ne peut se relever sans son secours.

Pour que nous soyons bien persuadés que nous ne manquerons jamais du secours de Dieu pour faire notre salut, l'Apôtre nous dit : « C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire, selon qu'il lui plaît (Phil., II, 13) ; et il dit à Timothée : « Ne négligez pas la grâce de Dieu qui est en vous » (I Tim., IV, 14) ; « c'est pourquoi je vous avertis de ressusciter la grâce de Dieu qui est en vous. » (II Tim., I, 6.) I1 exhorte aussi les Corinthiens à ne pas se rendre indignes de la grâce de Dieu par des oeuvres stériles : «Nous vous conjurons, dans votre intérêt, de ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. » (II Cor., VI, 1.) C'est parce que Simon l'avait reçue en vain, que cette grâce salutaire ne lui a pas profité; car il n'eut pas soin d'obéir à cette recommandation de saint Pierre : « Faites pénitence de votre malice, et priez Dieu qu'il vous pardonne cette pensée de votre coeur; car je vois que vous êtes rempli d'un fiel amer et engagé dans les liens de l'iniquité. » (Act., VIII, 23.)

La miséricorde de Dieu prévient la volonté de l'homme, puisqu'il est écrit : « Mon Dieu, votre miséricorde m'a prévenu. » (Ps. LVIII, 11.) Dieu nous appelle et nous invite sans cesse, puisqu'il dit: «Tout le jour, j'ai étendu mes mains vers le peuple qui ne croit pas et qui me contredit. » ( Isaïe, LXV, 2.) Dieu nous attend , comme l'annonce son Prophète : « Oui , Dieu vous attend pour avoir compassion de vous. » (Isaïe, XXX, 18.) Il nous fortifie selon cette parole : « Et moi, je les ai instruits; j'ai fortifié leur bras, et ils ont élevé contre moi la malice de leurs pensées. » (Osée, VII, 15.) Notre-Seigneur Jésus-Christ nous crie : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne et qu'il boive.» (S. Jean, VII, 37.)

Notre-Seigneur nous cherche : « J'ai cherché, et un homme ne s'est pas rencontré ; j'ai appelé, et personne n'a répondu. » (Isaïe, L, 2.)

Ainsi la grâce de Dieu agit toujours en bien sur notre libre arbitre, elle l'aide en toute chose; elle le protége, et elle est toujours gratuite, lorsque son ineffable Bonté récompense de faibles efforts par tant de gloire et par une béatitude éternelle si parfaite. Ce pardon de si grands crimes , que David obtint si promptement, n'était-il pas un don de la miséricorde divine? Quel rapport entre ces quelques mots de repentir et l'immensité de cette miséricorde ? L'Apôtre n'établit-il pas cette différence , lorsqu'il compare la grandeur de l'éternelle félicité aux innombrables persécutions qu'il avait à supporter? « Nos tribulations passagères et légères produisent en nous un poids de gloire infiniment supérieur» (II Cor., IV, 17); et il le confesse ailleurs : « Tout ce que nous souffrons dans ce temps n'est pas comparable à la gloire future qui apparaîtra en nous. » (Rom., VIII, 18.) Quels que soient les efforts de la faiblesse humaine, on ne pourra jamais les comparer à la récompense qu'elle en recevra. Tout ce qu'elle fera ne diminuera en rien la grâce du Créateur, et cette grâce sera toujours gratuite.

Le Docteur des Gentils déclare qu'il a été élevé à l'apostolat par la grâce divine : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis » (I Cor., XV, 10) ; et cependant il affirme qu'il a répondu et coopéré à la grâce divine, puisqu'il ajoute : « Et la grâce n'a pas été stérile en moi; mais j'ai travaillé plus que les autres, non pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi. »

Lorsqu'il dit, non pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi, il explique la vertu de l'assistance divine. Avec moi, c'est-à-dire que la grâce de Dieu ne l'a pas aidé dans le repos et l'indifférence, mais dans son travail et ses efforts. Aussi Notre-Seigneur, voulant exprimer, par bonté pour nous, l'action de sa miséricorde et l'amour qu'il daigne nous accorder, quoiqu'il ne trouve dans ses créatures aucun sentiment qui puisse les en rendre dignes, se compare à une tendre mère, et se sert ainsi de la comparaison qui peut le plus nous toucher : « Est-ce qu'une femme, dit-il, peut oublier son enfant et n'avoir pas compassion du fils de ses entrailles? » Et non content de cette comparaison , il la dépasse aussitôt en ajoutant : « Et quand même elle l'oublierait, moi je ne vous oublierai pas. » (Isaïe, XLIX, 15.)

Il est évident que notre salut doit être réellement attribué à la grâce divine, et non pas aux mérites de nos actions. Dieu le dit par son prophète : « Vous vous souviendrez de vos voies et de tous vos crimes; vous vous déplairez vous-mêmes dans vos malices, et vous saurez, ô maison d'Israël ! que moi , le Seigneur, lorsque je vous comble de biens, c'est pour la gloire de mon nom, et non pas à cause de vos voies mauvaises et de vos crimes détestables » (Ézéchiel, XX, 43.)

Ainsi tous les docteurs catholiques qui ont enseigné sérieusement la perfection, et qui ne se sont pas égarés dans de vaines disputes, ont affirmé : premièrement, que la grâce était un don de Dieu qui permet à chacun de désirer ce qui est bien, mais qui laisse entière la liberté de la volonté ; secondement, que le secours de la grâce divine ne détruit pas le libre arbitre dans la pratique de la vertu ; troisièmement enfin, que la grâce qui assure la persévérance dans la vertu ne gêne pas cependant la liberté. Dieu, par sa toute-puissance, fait tout en tous , parce qu'il excite , il protége et il confirme, bien loin de nous l'ôter, la liberté qu'il nous a une fois donnée.

Si, dans les discussions et les raisonnements, quelque chose paraît s'éloigner de cette doctrine, il faut l'éviter pour ne pas s'exposer à perdre la foi. Nous n'acquérons pas la foi par l'intelligence , mais l'intelligence par la foi, car il est écrit : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. » La raison humaine , je crois, est incapable de parfaitement comprendre comment Dieu fait tout en nous, et comment cependant tout dépend du libre arbitre, lorsque le Seigneur parle : « Si vous voulez m'écouter, vous vous nourrirez des biens de la terre.» (Isaïe, I, 19.)


  1. Nous supprimons les derniers chapitres de cette conférence de Cassien, où se trouvent des propositions semi-pélagiennes, et nous les remplaçons par un chapitre où le bienheureux Denis le Chartreux expose très-bien la doctrine de l'Eglise sur la grâce ↩

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Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern (BKV)
Kommentare zu diesem Werk
Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

Inhaltsangabe

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