III.
Quelque temps après, on vit s'élever un autre tyran[^4] aussi cruel que Néron. Mais quoique son règne fût odieux, il ne laissa pas toutes fois d'opprimer longtemps et impunément ses sujets. Enfin, ayant eu l'audace de se prendre à Dieu même, et de suivre le conseil du démon qui l'animait contre les justes, il tomba entre les mains de ses ennemis, qui le punirent de tous ses crimes. Mais leur vengeance ne finit point à sa mort ; elle s'étendit jusqu'à sa mémoire que l'on tâcha d'anéantir. Car quoiqu'il eût fait construire plusieurs édifices merveilleux, qu'il eût rétabli le Capitole et beaucoup d'autres monuments de la magnificence romaine, le sénat jura la perte de son nom, fit briser ses statues, effacer toutes ses inscriptions, et par de sévères décrets couvrit sa mémoire d'une ignominie éternelle. Tous les actes de ce détestable empereur ayant été abolis, l'église non seulement recouvra son ancienne splendeur, mais encore elle brilla d'un nouveau lustre ; et durant le règne des excellents princes qui gouvernèrent l'empire romain, elle se répandit dans les provinces de l'Orient et de l'Occident, et il n'y eut point de pays où la véritable religion ne pénétrât, point de nation si farouche qui ne s'adoucit par la prédication de l'Évangile. Mais cette longue paix fut enfin troublée.