VIII.
Maximien surnommé Hercule, son associé à l'empire, quel rapport n'avait-il pas avec lui? A moins que d'avoir les mêmes inclinations, les mêmes pensées, les mêmes désirs, auraient-ils vécu dans une si parfaite intelligence? La seule différence que l'on remarquait entre eux, c'est que l'un était plus avare, l'autre plus hardi, non pas aux bonnes actions, mais aux mauvaises. Car comme Maximien avait établi le siège de son empire en Italie, et qu'il était maître de l'Afrique et de l'Espagne, provinces très opulentes, il était plus libéral que son collègue, parce que l'argent ne lui manquait pas. De sorte que quand son épargne était épuisée, pour la remplir on accusait quelques riches sénateurs d'avoir eu des desseins sur l'empire. C'est ainsi que le fisc regorgeait tous les jours d'injustes et sanglantes dépouilles. Quant à l'incontinence de cet homme cruel, elle allait jusqu'à n'avoir plus aucun respect pour les femmes et les filles de qualité ; on les arrachait d'entre les bras de leurs parents pour les faire servir à ses infâmes débauches. Il faisait consister son bonheur et la grandeur de sa fortune à ne rien refuser à ses désirs. Je ne parle point de Constance, bien différent de ces mauvais empereurs, et digne de commander seul à tout l'univers.