10.
Voici sur quoi il faut que nos adversaires se prononcent. Ou nous sommes bons, ou nous ne le sommes pas : si nous le sommes, qu'ils nous laissent donc en repos; si nous ne le sommes pas, pourquoi veulent-ils se lier avec nous?
Jean a sans doute appris par sa propre expérience combien il est avantageux de s'humilier. Quand on voit un homme séparer deux choses qu'il avait unies lui-même, il est aisé de juger qu'il y est contraint par une autorité supérieure, à laquelle il ne peut résister.
Il n'y a pas longtemps qu'il a demandé et obtenu mon exil; plût à Dieu qu'il eût fait exécuter les ordres qu'on lui avait donnés pour cela! J'aurais la gloire d'avoir supporté l'exil non-seulement d'intention, mais encore de fait, comme il a le chagrin d'avoir eu la volonté de nous le faire souffrir, et de voir que cette volonté lui est réputée pour le fait.
C'est en répandant son sang, c'est en souffrant, et non pas en faisant des outrages, que l'Église de Jésus-Christ s'est établie; elle s'est accrue par les persécutions, elle a été couronnée par les souffrances de ses martyrs. Si nos ennemis, comme ils le démontrent assez par leurs lettres, ne veulent pas entrer dans ces dispositions que la douceur et la charité chrétiennes ont coutume d'inspirer; s'ils veulent user toujours de rigueur, s'ils aiment mieux persécuter les autres que d'être persécutés eux-mêmes; il y a ici des Juifs, il y a plusieurs sortes d'hérétiques, et particulièrement d'infâmes manichéens; pourquoi tant d'égards pour eux? pourquoi n'osent-ils leur causer le moindre chagrin ?