11.
Il n'y a que nous qu'ils veulent exterminer et qu'ils accusent de troubler la paix de l'Église, à laquelle néanmoins nous sommes étroitement unis par une même communion. J’en appelle ici à votre propre témoignage : n'est-il pas juste, ou qu'ils chassent ces hérétiques avec nous, ou qu'ils nous souffrent avec eux , à moins que peut-être ils ne veuillent nous faire l'honneur de nous en séparer en nous exilant?
Un moine (je ne le puis dire sans douleur) et encore un moine qui se vante d'être évêque d'un siège apostolique, menace d'autres moines; il demande qu'on les envoie en exil, et il l'obtient. Mais, grâce à Dieu, des moines ne sont. pas gens à s'épouvanter des persécutions, et ils sont toujours plus prêts à présenter leur tête au glaive des bourreaux, qu'à en détourner le coup. Comme ils se sont volontairement exilés de leur patrie, aussi regardent-ils toutes les contrées du monde comme un lieu d'exil. Qu'est-il nécessaire d'employer l'autorité du prince, de faire de si grands frais et de se donner de si grands mouvements pour obtenir un ordre de départ? Il n'a qu'à nous faire la moindre sommation, et nous obéirons aussitôt. « La terre est au Seigneur et tout ce qu'elle confient.» Jésus-Christ n'est renfermé dans aucun lieu.
Nous allons à home avec vous pour les affaires ecclésiastiques, dit-il ensuite, nous communiquons avec cette Eglise dont il nous croit séparés. Nous n'avons pas besoin d'y aller; nous ne sommes pas moins de la communion romaine étant en Palestine que si nous étions à home; et sans aller si loin, nous communiquons ici avec les prêtres de cette Eglise qui sont à Bethléem. Tout cela prouve que ce n'est point l'intérêt de l'Église, mais la passion seule qui l'anime contre nous; et qu'on ne doit point attribuer à l'Église en général les mauvais traitements qu'il nous fait, mais à l'aversion qu'il a contre nous et qu'il tâche d'inspirer aux autres.