18.
Ils étaient si bien préparés à la vertu du courage, qu’il n’est personne, quel qu’il soit, qui ait le droit de la mettre en doute. Le patriarche Jacob avait fui devant Esaü ; en présence de la mort, il ne trembla point et, alors même, bénit, chacun selon son mérite, les douze patriarches. Le grand Moïse s’était caché par crainte de Pharaon et enfui dans la terre de Madian; mais quand il s’entend dire: Va en Egypte, il n’a plus d’effroi; quand il reçoit l’ordre de monter sur le mont Abaris pour y mourir, il se soumet sans trembler et part avec allégresse. David qui fuit devant Saül, ne tremblait pas quand il combattait aux premiers rangs pour les peuples; il s’entendait donner le choix entre la mort et la fuite; mais, quand il pouvait se sauver et vivre, il préférait la mort, le sage héros ! Le grand Elie s’était caché devant Jézabel; il s’entendit sans effroi ordonner par l’Esprit d’aller trouver Achab et d’accuser Ochosias. Pierre se dérobe par peur des Juifs; Paul se fait descendre dans une corbeille et fuit; mais ils s’entendent dire : Il vous faut aller à Rome subir le martyre; ils ne remettent point leur voyage et partent joyeux. L’un, comme s’il s’empressait vers les siens, se réjouit d’être égorgé; l’autre, loin de frémir, quand est venue son heure, se glorifie en disant Je suis désormais la victime prête pour le sacrifice, et voici qu’arrive l’heure de ma délivrance.