BASILE A LIBANIUS. CCCXLVIII—CLV.
Saint Basile accorde à Libanius sa demande ; mais il lui prouve agréablement que la définition qu'il avait donnée d'un évêque convenait beaucoup mieux à un rhéteur.
SI le verbe1 dont vous avez forgé le mot avec lequel vous caractérisez un évêque, et que vous avez puisé dans les sources abondantes de Platon, si ce verbe, dis-je, signifie faire du gain, examinez, je vous prie, si le mot nous convient plus à nous que vous percez d'un trait si piquant dans votre lettre, qu’à la nation des rhéteurs qui font métier de vendre des paroles. Quel est l'évêque qui ait jamais trafiqué de discours, qui ait exigé un salaire de ses disciples ? Vous mettez en vente des paroles, comme on y met des gâteaux et d'autres marchandises. Vous voyez que vous avez donné de l'humeur à un vieillard qui se venge. Au reste, j'envoie à un rhéteur pompeux autant de poutres2 qu'il y avait de Spartiates qui ont combattu aux Thermopyles. Elles sont toutes d'une bonne longueur, et capables, comme dit votre Homère, de donner beaucoup d'ombre. Le fleuve Alphée s'est engagé à me les rendre3.
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Ce verbe était gripizein, d'où Libanius avait forgé l’adjectif dusgripistos. ↩
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Autant de poutres.... Sans doute trois cents ; car on sait que les Spartiates qui périrent tous au passage des Thermopyles , étaient au nombre de trois cents. ↩
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Le fleuve Alphée s'est engagé à me les rendre. Tour agréable pour dire qu'il les lui envoie sans exiger qu'il les lui rende. ↩