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Works Eusebius of Caesarea (260-339) Historia Ecclesiastica Histoire ecclésiastique
LIVRE V

CHAPITRE XXVIII : DU CEUX QUI ONT RÉPANDU L'HÉRÉSIE D'ANTÉMON DES LE COMMENCEMENT ; QUELS ILS ÉTAIENT DANS LEUR GENRE DE VIE ET COMMENT ILS ONT OSÉ CORROMPRE LES SAINTES ÉCRITURES

1

Un de ces auteurs a composé un ouvrage contre l'hérésie d'Artémon que Paul de Samosate a encore, de nos jours, essayé de renouveler : cet écrit nous offre un récit qui va à l'histoire que nous éludions. [2] On y réfute en effet la susdite hérésie, qui affirme que le Sauveur était tout simplement un homme, et qui est une nouveauté toute récente, quoique ses auteurs aient voulu en la vieillissant lui attirer ainsi du respect. On y allègue ensuite beaucoup d'autres raisons pour confondre cette affirmation mensongère et blasphématoire. Voici ce que le livre raconte en propres termes. [3] «Ils disent en effet que tous les anciens et les apôtres 137 eux-mêmes oui reçu et enseigné ce qu'eux-mêmes enseignent aujourd'hui, que la vérité de la prédication a été gardée jusqu'aux temps de Victor, le treizième évêque de Rome à partir de Pierre, mais que depuis Zéphyrin, son successeur, elle a été altérée, [4] Leur dire pourrait peut-être paraître vraisemblable, s'il n'avait tout d'abord contre lui les divines Écritures. Il y a du reste aussi des écrits de certains frères, qui sont antérieurs aux temps de Victor, concernant la vérité, contre les gentils et contre les hérésie, d'alors ; je veux parler de Justin, de Miltiade, de Tatien, de Clément et de beaucoup d'autres, et dans tous ces ouvrages le Christ est traité comme un Dieu. [5] Qui, en effet, ne connaît les livres d'Irénée, de Méliton et des autres, où il est proclamé que le Christ est Dieu et homme? Qui ignore les nombreux cantiques et les hymnes écrits par les frères fidèles des premiers temps, où ils chantent le Christ comme le Verbe de Dieu, et le célèbrent comme Dieu? [6] Comment donc peut-on admettre que le sentiment de l'Église ait été déclaré depuis tant d'années, et que ceux qui ont vécu jusqu'à Victor aient prêché dans le sens qu'ils disent? Comment ne rougissent-ils pas de débiter de tels mensonges contre Victor ? Ils savent parfaitement que celui-ci a retranché de la communion le corroyeur Théodote, le chef et le père de cette apostasie négatrice de Dieu, qui, le premier, a dit que le Christ était simplement un homme. Si Victor, en effet, était de leur avis, ainsi qu'ils l'enseignent dans leur blasphème, comment a-t-il pu rejeter Théodote, l'inventeur de cette hérésie? » [7] Voilà ce qui concerne Victor. Il fut en charge pendant dix ans et Zéphyrin lui succéda vers la neuvième année du règne de Sévère.

L'auteur du livre cité, au sujet du début de l'hérésie dont nous parlons, ajoute encore un autre fait qui s'est passé au temps de Zéphyrin. Voici ce qu'il écrit en propres termes : [8] « Je rappellerai donc à beaucoup de nos frères un événement qui a eu lieu de notre temps : s'il était arrivé parmi les gens de Sodome, je pense qu'il les eût fait réfléchir eux-mêmes. Natalios était un confesseur non pas d'autrefois, mais de notre temps. [9] Il avait été un jour trompé par Asclépiodote et un second Théodote banquier : tous deux étaient disciples du premier Théodote le corroyeur, qui, pour celte opinion ou plutôt celte extravagance, fut retranché de la communion par Victor, l'évêquo d'alors, ainsi que je l'ai dit. [10] Natalios lut amené par eux, moyennant un salaire, à prendre le titre d'évêque de celle hérésie ; il devait recevoir d'eux une mensualité de cent cinquante deniers. [11] Il était donc avec eux, et en des visions subissait de fréquents reproches du Seigneur ; Jésus-Christ en effet, le Dieu de miséricorde et Notre-Seigneur ne voulait pas que ce témoin de ses propres souffrances, vint à périr hors de l'Église. [12] Comme il faisait peu attention à ces visions, séduit qu'il était par la primauté qu'il avait parmi eux, et l'amour honteux du gain qui égare tant d'hommes, à la fin les saints anges le fouettèrent et le battirent durement pendant toute la nuit, si bien que dès le grand matin il se leva et, revêtu d'un sac, couvert de cendres, il vint en grand haie et en pleurs se prosterner devant l'évêque Zéphyrin; il se 141 jetait aux pieds non seulement des clercs, mais même des laïcs; il arrosait de ses larmes l'église compatissante du Christ miséricordieux ; il supplia longtemps, montrant les meurtrissures des coups qu'il avait reçus, et il fut avec peine admis à la communion. »

[13] Nous ajouterons encore à ceci, d'autres paroles du même écrivain concernant les mômes hérétiques ; voici en quoi elles consistent : « Ils n'ont pas craint de corrompre les divines Écritures et ont rejeté la règle de l'ancienne loi : d'autre part ils méconnaissent le Christ et ne cherchent pas ce que disent les saintes lettres, mais ils s'exercent laborieusement a trouver une forme de raisonnement pour établir leur impiété. Si on leur objecte une parole des livres sacrés, ils demandent si l'on peut en faire un syllogisme conjonctif ou disjonctif. [14] Ils laissent de côté les saintes Écritures de Dieu et s'appliquent à la géométrie : ils sont de la terre, ils parlent de la terre et ne connaissent pas celui qui vient d'en haut. Euclide géométrise donc activement parmi certains d'entre eux, Aristote et Théophraste font leur admiration, et Galien est même par quelques-uns presque adoré. [15] Ils abusent de l'art des infidèles en faveur de l'opinion de leur hérésie ; ils altèrent avec la scélératesse des impies, la foi simple des saintes Écritures : qu'ils ne soient pas proches de la foi, est-il encore besoin de le dire? A cause de cela, ils ne redoutent pas de porter les mains sur les divines Écritures, disant que c'est pour les corriger. [6] Quiconque voudra, pourra se convaincre que je ne 143 calomnie pas lorsque je dis cela deux. Si l'on veut, en effet, prendre les exemplaires de chacun d'eux et les comparer entre eux, on trouvera qu'ils sont bien différents. Ceux d'Asclépiade ne concordent en effet pas avec ceux do Théodote. [17] Il est du reste facile de s'en procurer en nombre, parce que leurs disciples copient avec zèle ce qu'ils appellent les corrections, c'est-à-dire les altérations de chacun d'eux. De plus, le texte d'Hermophile est différent de ceux-ci. Celui d'Apolloniade, en effet, ni ceux-là no concordent antre eux. On peut en effet comparer les textes qu'ils ont retouchés au début avec ceux qu'ils ont travaillés dans la suite, on les trouvera on grande partie divergents. [18] De quelle audace est cette faute, il est vraisemblable qu'ils ne l'ignorent pas. Car, ou bien ils ne croient pas que les divines Écritures aient été dictées par l'Esprit Saint, et ils sont infidèles; ou bien ils s'imaginent être eux-mêmes plus sages que le Saint-Esprit, et que sont-ils, sinon des démoniaques ? Ils ne peuvent pas nier que leur attentat n'existe : les exemplaires sont écrits de leurs mains ; ce n'est pas de ceux qui les ont catéchisés qu'ils ont reçu de telles Écritures, et ils ne peuvent montrer les originaux d'où ils ont tiré leurs copies. [19] Quelques-uns ont même dédaigné de faire ces falsifications, mais ils ont simplement rejeté et la Loi et les Prophètes, et, sous le couvert d'un enseignement immoral et impie, ils se sont précipités jusqu'au fond d'un abîme de perdition ».

Et que cela soit ainsi confié à l'histoire.

Introd, 1. Ἀντωνίνον Οὐήρου. En 161, Antonin laisse l'empire à ses deux fils adoptifs: M. Aurelius Antoninus Verus(Mare-Aurèle) et L. Ceionius Aelius Aurelius Commodus Antoninus (Vérus). A ce moment, Marc-Aurèle cède à Lucius son surnom de Vérus. Eusèbe appelle le premier Antoninus Verus, Antoninus ou Verus. C'est l'empereur persécuteur. Le second est appelé au chap. ν M. Aurelius Caesar ou Marcus. Ainsi il échange les noms des deux associés. Il mentionne la mort du premier et son remplacement par Commode (ch. ix). Il ne parle pas de la mort du second. Cette inversion paraît avoir pour but de sauver la croyance répandue de son temps que les «bons » empereurs étaient en même temps favorables aux chrétiens. - 4. τοῦ κατὰ θεὸν πολιτεύματος. Les deux paragraphes forment les deux parties d'une antithèse : d'un côté le πολίτευμα profane, avec ses guerres et ses héros, de l'autre le πολίτευμα . chrétien, avec ses luttes et ses athlètes : ébauche de l'idée des deux cités. Le sens du mot ressort clairement de l'opposition. Mais πολιτεύεσθαι, πολίτευμα, πολιτεία pris dans la langue des écrivains chrétiens le sens de « genre de vie », particulièrement de « genre de vie conforme aux lois de la religion», et même de «vie ascétique ». Un discours de saint Jean Chrysostome (XXX) a pour titre : Περὶ τοῦ κατὰ θεὸν πολιτεύεσθαι.


  1. Sur les conflits romains de cette époque, voy. DuCHESNE, Hist., t. I, p. 206 suiv. Les sources donnent a Artémon aussi le nom d'Artémas. Le pape Victor est mort sous Septime Sévère, en 198 ou 199, et a été remplacé par Zéphyrin. ↩

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