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Mais ici les hérétiques,ne comprenant rien à ces choses, font un assaut et disent: C'est un corps qui tombe, c'en est un autre qui ressuscite. Que devient alors la résurrection? Car la résurrection ne peut être que la résurrection de ce qui est tombé. Que devient la merveilleuse, l'étonnante victoire remportée sur la mort, si le corps qui tombe n'est pas le même qui ressuscite ? Dans ce cas, on ne pourra certes pas dire que la mort a rendu soir prisonnier. Et, maintenant , comment l'exemple donné serait-il approprié à là vérité? Car l'essence que l'on sème n'est pas autre que celle qui reparaît, c'est la même essence devenue meilleure. Autre conséquence : le Christ n'aura pas repris le même corps, lui , les prémices de ceux qui ressuscitent ; à vous entendre, il a rejeté son corps, quoiqu'il fût exempt de. tout péché, et c'est un autre corps qu'il a pris. Et d'où l'a-t-il tiré, ce second corps? Le premier, il l'a pris d'une vierge, mais le second, d'où le tenait-il? Voyez-vous à quelles absurdités est arrivée la démonstration ? Car enfin, pourquoi le Christ montre-t-il les traces et les empreintes des clous, sinon pour faire voir que c'est le même corps qui a été attaché à la croix, et qui .est ressuscité? Que signifie la figure de Jouas? Que le Jonas qui a été englouti est le même qui a été rejeté sur la terre. Et. pourquoi le Christ disait-il encore : « Détruisez ce temple, et je le rétablirai en trois « jours? » (Jean, II, 19,.21.) C'est que le corps détruit est le corps qu'il a ressuscité. Aussi l'évangéliste ajoute-t-il : « Mais il parlait du temple de son corps ». Que signifie donc : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître ? » C'est-à-dire, vous ne semez pas l'épi; en effet, c'est le même et ce n'est pas le même ; c'est le (588) même parce que c'est la même essence, et ce n'est pas le même parce que l'épi qui viendra est meilleur; la même essence persiste, mais il y a développement, il y. a supériorité de beauté, fraîcheur de nouveauté; c'est la condition indispensable pour qu'il y ait résurrection, il faut que ce qui ressuscitera soit meilleur. Pourquoi détruire la maison, si, l'on ne doit pas la relever plus brillante et plus belle? Voilà ce que dit l'apôtre à ceux qui regardent la résurrection comme une dissolution. Ensuite, pour prévenir la pensée qu'il suit de là qu'on entend parler d'un corps différent, il éclaircit cette énigme, il explique lui-même le sens de ses paroles, il ne souffre pas que l'auditeur flotte dans des conclusions qui l'égareraient. Qu'avons-nous -besoin de mêler nos paroles aux siennes? Ecoutez-le lui-même, entendez-le s'expliquer : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître » ; car aussitôt il ajoute : « mais la graine seulement, comme du blé, ou de quelque autre. chose ». Ce qui veut dire : Ce n'est pas le corps qui viendra, car il aura un autre vêtement, une tige, des épis ; « mais la graine seulement, comme du blé, ou de quelque autre chose. Et Dieu lui donne un corps tel qu'il lui plaît (38) ». Sans doute, objecte-t-on, mais c'est ici l'oeuvre de la nature. De quelle nature, répondez-moi?Je vous dis qu'ici encore c'est Dieu seul qui fait tout, et non la nature, ni la terre, ni la pluie. Aussi l'apôtre, exprimant cette vérité, laisse-t-il de côté et la terre, et l'air, et la pluie, et la main-d'oeuvre des agriculteurs : « Et Dieu », dit-il aussitôt, « lui donne un corps tel qu'il lui plaît ». Cessez donc de prendre un soin superflu et de vous enquérir curieusement du comment et de lu manière dont les choses se passent, lorsqu'on vous a signifié la puissance de Dieu et sa volonté. « Et il donne à chaque semence le corps propre à chaque plante». Que devient l'idée d'un corps étranger? Il lui donne le corps propre. Aussi lorsque l'apôtre dit : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître », il n'entend pas que ce sera une autre essence qui paraîtra, mais que la même essence ressuscitera, meilleure et plus brillante. « Car il donne à chaque semence le corps propre à chaque plante ». Et par là, il indique déjà la différence que présentera la résurrection à venir. En effet, n'allez pas conclure de cette semence dont tous les germes se relèvent, qu'il y aura dans la résurrection égalité d'honneur. Gardez-vous surtout de le croire quand vous. voyez que les semences des champs ne présentent pas dans leurs productions cette égalité, mais que telles plantes grandissent et se développent avec éclat, tandis que telles autres paraissent chétives. Voilà pourquoi l'apôtre ajoute : « le corps propre à chaque plante ».. Toutefois cette différence ne lui suffit pas,. il en cherche encore que autre plus considérable et plus manifeste. Car pour prévenir cette erreur que j'ai mentionné, qui conclurait, de ce que tous ressuscitent, que tous doivent jouir des mêmes biens, l'apôtre s'est empressé de jeter dans ses premières paroles les semences de la. pensée qui est la seule vraie, il a dit tout d'abord : Tous vivront en Jésus-Christ, « et chacun en son rang ». C'est la pensée qu'il reprend ici, qu'il explique : « Toute chair n'est pas la même chair (39) ». A quoi bon, dit-il, insister sur les semences? Nous n'avons qu'à considérer nos corps mêmes, puisque. c'est des corps que nous nous occupons maintenant. Voilà pourquoi il ajoute,:
