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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ii ad Corinthios argumentum et homiliae 1-30 Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XXIV.

3.

Comprenez-vous comment l'apôtre rend les fidèles uniquement responsables et de l'arrogance des faux apôtres et de ce qui paraissait de sa part, de l'imprudence? Ce n'est pas pour exalter ma gloire, c'est pour vous affranchir de votre arrière servitude que je me vois forcé de me glorifier un peu. Il ne faut pas se borner à examiner seulement les paroles, il faut aussi considérer l'intention. Samuel faisait de lui-même un grand éloge en sacrant Saül, quand il disait : « Quel est celui de vous à qui j'ai pris son âne, ou son veau, ou sa chaussure? Qui ai-je opprimé? » (I Rois, XII, 3.) Personne cependant ne l'accusait. Ce n'était pas pour se vanter qu'il parlait ainsi, mais au moment d'instituer un roi, il voulait, en ayant l'air de se justifier, enseigner à ce roi la douceur, la mansuétude. Et considérez la sagesse du prophète, ou plutôt la bonté de Dieu.

... Il voulait d'abord les détourner de prendre un roi. Que fait-il alors ? Il rassemble toutes les charges dont pourra les accabler le roi à venir, comme par exemple, qu'il forcera leurs femmes à tourner la meule, qu'il emploiera les hommes pour conduire ses troupeaux, pour avoir soin de ses mulets (le prophète se plaît à entrer dans le détail de tous les services dont s'entoure le faste de la royauté). Mais quand il voit que ses observations sont inutiles auprès du peuple, que la nation est atteinte d'un mal incurable, alors il compatit à sa faiblesse, et il modère le roi, et il s'efforce de le porter à la douceur. Voilà pourquoi il donne l'exemple de sa propre conduite en témoignage, car personne assurément ne réclamait alors contre lui, ni ne l'accusait; il. n'avait pas besoin de se justifier; ce n'est que pour porter le roi à bien faire, que Samuel parle de lui-même. Aussi, afin. de réprimer l'orgueil de la royauté, il ajoute: « Si vous écoutez le Seigneur, vous et votre roi », tous les biens seront votre partage ; si, au contraire, vous ne l'écoutez pas, tout se tournera contre vous. Amos disait aussi : « Je n'étais ni prophète, ni fils de prophète, je n'étais que bouvier, me nourrissant de mûres. Et Dieu m’a pris». (Amos, VII, 14, 15.) Ce n'était pas pour se louer qu'il parlait ainsi, mais pour fermer la bouche à ceux qui ne voyaient pas en lui un prophète, pour leur montrer qu'il ne les trompait pas, que ses discours étaient inspirés. Un autre encore disait dans le même esprit : « Pour moi, j'ai été rempli de la force du: Seigneur, dans son esprit et dans sa vertu ». (Michée, III, 8.) (150) David aussi, quand il parlait de son ours ou de son lion (I Rois, XVII, 34), ne le faisait pas pour s'exalter, il se préparait à une couvre d'une admirable énergie. Comme on ne voulait pas croire qu'il triompherait du barbare, lui, nu, incapable de porter de lourdes armes, il était bien forcé de fournir des preuves de son courage viril. Et lorsqu'il coupa le bord du manteau de Saül (I Rois, XXIV, 5), ce n'était pas pour se glorifier qu'il dit les paroles qu'il fit entendre, mais pour détourner les affreux soupçons répandus contre lui, qu'il voulait tuer le roi. Donc il faut toujours considérer l'intention des paroles. Celui qui ne se propose que l'intérêt de ceux qui l'écoutent, même quand il se loue, ne doit pas être accusé; au contraire, il mérite une couronne; ce serait, s'il gardait le silence, qu'il mériterait d'être accusé. Si David eût gardé le silence en face de Goliath, on ne lui aurait pas permis de se mesurer avec lui, et il n'aurait pas remporté ce glorieux trophée. David, on n'en peut douter, ne parle que parce qu'il y est forcé, et ce n'est pas à ses frères, mais au roi; ses frères ne l'auraient pas voulu croire ; la jalousie leur fermait les oreilles. Voilà pourquoi, sans songer à ses frères, il ne s'adresse qu'au roi, que l'envie ne travaillait pas encore.

4. Affreux mal que l'envie, mal affreux, et qui va jusqu'à nous persuader de mépriser notre propre salut. C'est ainsi que Caïn s'est perdu lui-même, et avant lui, celui qui avait perdu son père, le démon. C'est ainsi que Saül appela sur lui-même le malin esprit pour la perte de son âme, et après l'avoir appelé, il répondit par de l'envie aux soins de celui qui voulait le guérir. (I Rois, XVIII.) Telle est, en effet, la nature de l'envie ; Saül voyait bien que David le sauvait, et il aimait mieux périr que de voir la gloire de son sauveur. Quoi de plus affreux que cette passion? On peut dire; sans craindre de se tromper, que c'est un enfant du démon, qu'on y trouve le fruit de la vaine gloire, ou plutôt la racine ; car ces deux fléaux s'engendrent l'un l'autre. C'est ainsi que Saül ne se possédait plus, dans son âme envieuse, quand le peuple disait : « David en a tué dix mille ». (I Rois, XVIII, 7.) Quoi de plus insensé? Car enfin, répondez-moi, d'où vous vient votre envie? De ce que quelqu'un reçoit des louanges? Vous devriez vous réjouir. Mais peut-être ne savez-vous pas si la louange est méritée? Votre tristesse vient-elle de ce qu'on loue un homme qui n'a rien d'éclatant? Mais alors vous devriez plutôt avoir compassion de cet homme. En effet, si c'est un homme de bien, personne ne doit ressentir de l'envie, au bruit des louanges qu'on lui donne; il faut joindre sa voix au concert des bénédictions; si au contraire ce n'est pas un homme de bien, pourquoi le chagrin qui vous ronge? pourquoi vous frapper vous-même du glaive? Parce que cet homme est admiré? Oui, admiré des hommes d'aujourd'hui, qui demain n'existeront plus. Parce qu'il jouit de la gloire? De quelle gloire , dites-moi ? de celle dont le Prophète dit que c'est la fleur des champs? (Isaïe, XL, 6.) Voilà ce qui excite votre envie, vous voudriez porter ce fardeau , ces fleurs misérables; vous voudriez en charger vos épaules ? Si cet homme excite tant votre envie, que ne portez-vous envie également aux hommes de peine, que vous voyez tous les jours, sous leur charge de foin, entrer dans la ville? La charge de cet homme n'a rien de supérieur; au contraire, elle a moins de prix encore. L'une ne pèse que sur le corps, l'autre, souvent est un poids funeste pour l'âme et elle lui cause plus d'anxiété que de plaisir.

Quelqu'un est éloquent, il en retirera moins d'admiration que d'envie ; et puis la louange se lasse vite, mais l'envie ne pardonne pas. Mais cet homme est auprès des princes, en grand-honneur? Eh bien ! de là l'envie qu'il excite, et ses dangers. Ce que vous ressentez contre lui, d'autres l'éprouvent également et ils sont en grand nombre. Mais on ne cesse pas de le célébrer? De là, pour cet homme, une servitude pleine d'amertume. Voilà en effet qu'il n'ose plus agir librement, de peur d'offenser ceux qui le glorifient : c'est une lourde chaîne pour lui, que son illustration. Plus cet homme a de gens qui célèbrent son nom, plus il a de maîtres, plus sa servitude s'étend, il voit ses maîtres et seigneurs apparaître partout à ses yeux. Le serviteur, une fois affranchi de la présence de celui qui lui commande, respire en pleine liberté; cet homme, au contraire, rencontre partout ceux qui lui commandent, car il est l'esclave de tous ceux que ses yeux rencontrent sur la place publique. Qu'une affaire urgente le force à sortir, il n'ose pas se risquer sur la place, sans une escorte de serviteurs, sans chevaux, sans pompe, sans étalage, de peur que ceux aux ordres de qui il est ne le désapprouvent. S'il lui arrive (151) d'apercevoir quelqu'un de ses amis, de ses plus familiers, il n'a pas assez de confiance pour lui parler sur le ton de l'amitié; c'est qu'il a peur que ses maîtres ne le fassent un peu déchoir de la hauteur de sa gloire. D'où il suit que, plus il est illustre, plus il est asservi. S'il lui arrive un malheur, l'outrage de la fortune est pour lui d'autant plus amer, que plus de témoins voient l'insulte, et qu'il semble que sa dignité en est atteinte ; et il n'y a pas là seulement un outrage, mais un désastre. Une foule de gens s'en réjouissent; au contraire, dans le cas d'un bonheur nouveau, une foule de gens n'éprouvent que l'envie qui les irrite contre cet homme heureux, et le désir ardent de le renverser. Est-ce là du bonheur, dites-moi? Est-ce là de la gloire? Mille fois non. C'est de la honte, c'est de la servitude, c'est une chaîne, c'est tout ce qui peut s’appeler un fardeau. Si vous trouvez si désirable la gloire que donnent les hommes, s'il suffit pour bouleverser votre âme de voir cet homme que la foule applaudit, eh bien ! au milieu des applaudissements dont vous le verrez jouir, élancez-vous parla pensée vers la vie à venir, vers la gloire réservée à la fin des siècles; et, comme on prend la fuite pour échapper à une bête féroce, comme on se précipite dans sa maison, dont on ferme les portes; prenez alors de même la fuite, cherchez votre refuge dans la vie qui nous attend, dans la gloire ineffable que rien n'égale. C'est ainsi que vous foulerez aux pieds la gloire présente, que vous conquerrez sans peine la gloire divine, que vous jouirez de la vraie liberté, des biens éternels: puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
Homilien über den zweiten Brief an die Korinther (BKV) Compare

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