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Ev. Cette conclusion me frappe singulièrement , — elle me frappe jusqu'à me mettre hors de moi, sans que je sache ni ce que j'ai à répondre, ni. même où je suis. Que dire? Que la sensation n'est .pas -l'impression corporelle qui par elle-même ;se révèle à l'âme ? Mais que sera-t-elle si elle n'est cela? Que nos yeux ne sont pas affecté s quand nous voyons? Ce serait absurde. Qu'ils sont affectés par la partie du corps où ils sont? Mais ils ne se voient pas et ils sont seuls dans leur orbite. Que l'âme n'est pas plus puissante que les yeux auxquels elle communique toute leur force? Ce serait le comble de la folie. Dirai-je encore qu'il y a plus de puissance à ressentir les impressions du lieu où l'on est que les impressions du lieu où l'on n'est pas? Mais si c'était vrai, la vue ne l'emporterait pas sur les autres sens.
Aug. N'est-il pas vrai encore que les yeux, en souffrant d'un coup, d'une blessure, d'un dérangement d'humeurs sont affectés parce qui est où ils sont; que l'âme le sait; que cette impression est moins une impression de la vue que du toucher; que l'œil pourrait même l'endurer dans un cadavre, quand l'âme ne serait point là pour la connaître; mais que ce
même oeil ne saurait éprouver sans l'âme l'impression de la vue? Cependant, ne voit-il pas où il n'est point? N'est-ce pas une preuve évidente que l'âme n'est circonscrite dans aucun lieu ? La seule chose en effet que l'œil, c'est-à-dire le corps, ne puisse faire au lieu où il est,. c'est. ce qu'il ne pourrait faire jamais sans l'âme.