CHAPITRE XVIII.
DE L’HOMME PARFAIT, C’EST-à-DIRE DE JÉSUS-CHRIST, ET DE SON CORPS, C’EST-A-DIRE DE L’ÉGLISE, QUI EN EST LA PLÉNITUDE.
Pour comprendre ce que dit l’Apôtre, que nous parviendrons tous à l’état d’homme parfait, il faut examiner avec attention toute la suite de sa pensée. Il s’exprime ainsi: « Celui qui est descendu est celui-là même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de consommer toutes choses. Lui-même en a établi quelques-uns apôtres, d’autres prophètes, ceux-ci évangélistes, ceux-là pasteurs et docteurs, pour la consommation des saints, l’oeuvre du ministère et l’édifice du corps de Jésus-Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité d’une même foi, à la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait et à la mesure de la plénitude de l’âge de Jésus-Christ, afin que nous ne soyons plus comme des enfants, nous laissant aller à tout vent de doctrine et aux illusions des hommes fourbes qui veulent nous engager dans l’erreur, mais que, pratiquant la vérité parla charité, nous croissions en toutes choses dans Jésus-Christ, qui est la tête. d’où tout le corps bien lié et bien disposé reçoit, selon la mesure et la force de chaque partie, le développement nécessaire pour s’édifier soi-même dans la charité1 ». Voilà quel est l’homme parfait: la tête d’abord, puis le corps composé de tous les membres, qui recevront la dernière perfection en leur temps. Chaque jour cependant, de nouveaux éléments se joignent à ce corps, tandis que s’édifie l’Eglise à qui l’on dit: « Vous êtes le corps de Jésus-Christ et ses membres2 » ; et ailleurs: « Pour son corps qui est l’Eglise3 » ; et encore: « Nous ne sommes- tous ensemble qu’un seul pain et qu’un seul corps4 ». C’est de l’édifice de ce corps qu’il est dit ici: « Pour la consommation des saints, pour l’oeuvre du ministère et l’édifice du corps de Jésus-Christ ». Puis l’Apôtre ajoute ce passage dont il est question: « Jusqu’à ce que nous parvenions tous à « l’unité d’une même foi, à la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme parfait et à la mesure de la plénitude de l’âge de Jésus-Christ »; et le reste, montrant enfin de quel corps on doit entendre cette mesure par ces paroles; « Afin que nous croissions en toutes tout le corps bien lié et bien disposé reçoit, selon la mesure et la force de chaque partie, le développement qui lui convient». Comme il y a une mesure de chaque partie, il y en a aussi une de tout le corps, composé de toutes ces parties; et c’est la mesure de la plénitude dont il est dit: « A la mesure de la plénitude de l’âge de Jésus-Christ». L’Apôtre fait encore mention de cette plénitude, lorsque, parlant de Jésus-Christ, il dit ; « Il l’a établi pour être le chef de toute I’Eglise, qui est son corps et sa plénitude, lui qui consomme tout en tous5 ».Mais, lors même qu’il faudrait entendre le passage dont il s’agit de la résurrection, qui nous empêcherait d’appliquer aussi à la femme ce qu’il dit de l’homme, en prenant l’homme pour tous les deux, comme dans ce verset du Psaume: « Bienheureux l’homme qui craint le Seigneur6 ! » Car assurément les femmes qui craignent le Seigneur sont comprises dans la pensée du Psalmiste.