CHAPITRE XXXVIII. PAR EXEMPLE : LA FORMATION DE LA FEMME, L'ARCHE DE NOÉ, LE SACRIFICE D'ISAAC.
Par exemple : s'il fallait donner une aide à l'homme dans la personne de la femme, était-il nécessaire, était-il utile qu'elle fût formée du côté de l'homme endormi[^3]? S'il fallait fabriquer une arche pour échapper au déluge, était-il besoin ou que les mesures en fussent exactement données et appliquées, ou qu'elles fussent mentionnées dans des écrits qui devaient passer à la postérité? S'il était nécessaire d'y enfermer des animaux, afin de propager les espèces, fallait-il ce nombre précis de sept couples d'animaux mondes, et de deux d'immondes? Sans doute, l'arche avait besoin d'une entrée; mais était-il nécessaire qu'elle fût pratiquée dans le côté et que l'écrivain en fît mention[^4]? On donna à Abraham l'ordre d'immoler son fils; que le but de cet ordre ait été de mettre son obéissance à l'épreuve pour la faire éclater aux yeux de la postérité; qu'il ait été convenable que le fils portât le bois plutôt que son père déjà vieux; que le père n'ait pas eu permission de frapper son fils et de s'infliger une perte aussi cruelle, soit : mais quand même il n'y aurait pas eu de sang répandu, Abraham en eût-il été moins éprouvé? Ou s'il était nécessaire qu'il y eût sacrifice, en quoi ce bélier embarrassé dans un buisson par ses cornes et qui apparaît tout à coup, peut-il suppléer à la victime[^1]? Ainsi tout cela médité attentivement, toutes ces circonstances superflues mêlées aux nécessaires, avertissent d'abord l'âme humaine, c'est-à-dire l'âme raisonnable, qu'il y a un sens, et ensuite l'invitent à le chercher.
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Gen. II, 18, 21, 22.
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Id. VI, 14 ; VII, 3.
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Gen. XXII.