CHAPITRE XXX. SENS PROPHÉTIQUE DE LA DISTINCTION DES ALIMENTS.
Mais qu'entends-tu quand tu dis, d'un ton irrespectueux et par manière d'injure, que « Moïse se fait juge à la façon d'un gourmand, et veut que certains aliments soient mondes et puissent être mangés, et que les autres soient tenus pour immondes et ne soient pas même touchés ? » D'abord le propre du gourmand est plutôt de ne rien distinguer, ou, s'il distingue, de choisir ce qu'il y a de plus délicat au goût. Ou bien, dis-tu cela pour que les ignorants admirent en toi un homme mortifié dès le berceau, qui ne sait pas, ou qui oublie, combien la chair de porc est plus agréable à manger que celle de mouton ? Mais comme Moïse, ici encore, écrit des figures prophétiques en vue du Christ, distinguant, sous les chairs des animaux, les fidèles qui devront faire partie du corps du Christ, c'est-à-dire de l'Eglise, et ceux qui en devront être exclus; il vous a aussi rangés parmi les animaux immondes, vous qui êtes en désaccord avec la foi catholique, parce que vous ne ruminez pas la parole de la sagesse, et que, ne discernant pas la concordance de l'Ancien et du Nouveau Testament, vous n'avez pas, pour ainsi dire, le pied fourchu. Mais qui te pardonnera de n'avoir pas rougi de la fourberie de votre Adimantus?