• Home
  • Works
  • Introduction Guide Collaboration Sponsors / Collaborators Copyrights Contact Imprint
Bibliothek der Kirchenväter
Search
DE EN FR
Works Augustine of Hippo (354-430) Des actes du procès de Pélage

55.

Comment donc, dans cette lettre, ont-ils osé se glorifier d'avoir obtenu de quatorze évêques une sentence qui les autorisait à soutenir non-seulement la possibilité, mais même la facilité de ne pas pécher, selon la doctrine enseignée par Pélage dans son livre des Chapitres? N'est-il pas manifeste qu'il n'a jamais été question de cette facilité ni dans le réquisitoire, ni dans les explications qui s'échangèrent de part et d'autre ? Cette facilité n'est-elle pas même en contradiction avec la défense et les répliques de Pélage, puisque l'évêque de Jérusalem nous assure avoir reçu de lui cette réponse : « qu'en disant de l'homme qu'il peut rester sans péché, il entendait parler de celui qui voudrait travailler et combattre pour son salut ? » Enfin dans le cours du procès et pour se défendre, il ajouta que « par son propre travail et avec la grâce de Dieu l’homme peut rester sans péché ». Appellera-t-on facile une chose qui exige du travail ? Le plus simple bon sens proclame que là où il y a du travail, il n'y a pas de facilité. Et cependant cette lettre, toute d'orgueil et de vanité, circule de mains en mains; avant même que les actes du procès puissent être publiés, elle s'empare de la renommée et proclame que quatorze évêques orientaux ont décidé, « non-seulement que l'homme peut rester sans péché et observer les commandements de Dieu, mais qu'il le peut facilement » ; quant au secours de Dieu, il n'en est fait aucune mention, il suffit que l'homme veuille ». Ainsi donc, cette lutte violente s'était engagée tout entière au sujet de la grâce divine, et voici que cette grâce est laissée dans le plus profond silence; si la lettre en parle, ce n'est que pour attester l'infortune de sa défaite, tandis que l'orgueil humain y triomphe jusqu'à s'aveugler dans sa victoire. Si nous en croyons l'évêque de Jérusalem, est-ce que Pélage n'a pas répondu qu'il n'avait émis cette proposition que pour la condamner? Est-ce qu'il ne nous a pas dit que ces gigantesques montagnes d'arguments entassés contre l'excellence de la grâce céleste avaient promptement disparu sous le triple coup de foudre lancé par les oracles divins ? Est-ce que cet évêque et ses autres collègues, siégeant en qualité de juges, auraient permis à Pélage de dire que « l'homme, pourvu qu'il le veuille, peut rester sans péché et observer les lois de Dieu », s'il n'avait pas immédiatement ajouté que « c'est Dieu lui-même qui a donné à l'homme cette possibilité?» Remarquons ici que ces évêques ne soupçonnaient même pas qu'il parlait de la nature, et non pas de cette grâce qu'ils avaient appris à connaître dans les prédications de l'Apôtre. Enfin Pélage devait également ajouter: « Nous n'avons pas dit que tel ou tel homme, depuis son enfance jusqu'à sa vieillesse soit resté sans péché; nous affirmions seulement qu'après avoir renoncé à ses péchés il pouvait vivre innocent, avec le double concours de son travail propre et de la grâce de Dieu ». C'est là ce que les évêques ont défini en disant qu'il était dans la vérité quand il affirmait qu'aidé du secours et de la grâce de Dieu l'homme peut rester sans péché. Ce qu'ils auraient craint, en niant cette proposition, t'eût été de porter atteinte, non pas au pouvoir de l'homme, mais à la grâce même de Dieu. Toutefois, quoiqu'il eût été décidé que l'exemption du péché dans l'homme ne peut venir que du secours de Dieu; cependant il n'a pas été défini que pendant cette vie, dans laquelle la chair lutte contre l'esprit, il y ait jamais eu, ou il doive y avoir un seul homme, doué de son libre arbitre, placé au milieu du monde, ou enseveli dans la solitude, qui ne soit pas obligé de dire, non point pour les autres, mais pour lui-même: « Pardonnez-nous nos péchés1 ». Serons-nous arrivés à ce comble de la perfection, quand nous serons devenus semblables à Dieu, quand nous le verrons comme il est en lui-même2, quand sera dite, non pas cette parole de ceux qui combattent: « Je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon esprit3 » ; mais cette parole de ceux qui triomphent : « O mort, où est ta victoire? ô mort, où est ton aiguillon4 ? » Cette question reste à débattre pacifiquement, non pas entre catholiques et hérétiques, mais entre les catholiques seulement.


  1. Matt. VI, 12.  ↩

  2. I Jean, III, 2.  ↩

  3. Rom. VII, 23.  ↩

  4. I Cor. XV, 55. ↩

pattern
  Print   Report an error
  • Show the text
  • Bibliographic Reference
  • Scans for this version
Download
  • docxDOCX (67.67 kB)
  • epubEPUB (54.94 kB)
  • pdfPDF (214.64 kB)
  • rtfRTF (185.14 kB)
Translations of this Work
A work on the proceedings of pelagius Compare
Des actes du procès de Pélage

Contents

Faculty of Theology, Patristics and History of the Early Church
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Imprint
Privacy policy