II.
Ces considérations m’ont condamné au silence. Ne pouvant ni instruire un rebelle, ni soumettre un impie au joug de la religion, ni modérer un furieux, j’ai résolu d’être patient. Mais aujourd’hui vous venez nous dire que beaucoup se plaignent des chrétiens; qu’on fait retomber sur eux la responsabilité des guerres qui se succèdent sans interruption, des pestes et des famines qui exercent leurs ravages, de la sécheresse qui consume les récoltes. En présence de ces calomnies, je ne puis me taire plus longtemps. On pourrait attribuer mon silence à la faiblesse de ma cause, et j’aurais l’air de reconnaître la vérité de ces accusations si je dédaignais de les réfuter. Je vais donc vous répondre, Démétrien, et je répondrai, en même temps, à ceux que vos calomnies ont soulevés contre nous. Ils sont nombreux; ils partagent vos préjugés et vos haines; pourtant je ne désespère pas de les convaincre. Celui qui s’est laissé entraîner au mal par le mensonge, reviendra au bien sous l’empire de la vérité.
