IV.
Vous imputez aux chrétiens cet affaissement général causé par la décrépitude du monde: pourquoi les vieillards ne leur attribueraient-ils pas la décroissance de leur santé et de leurs forces? Leurs oreilles sont plus dures, leurs pieds moins agiles, leurs yeux moins vifs, leurs entrailles plus paresseuses, leurs membres plus lourds et plus faibles: pourquoi ne pas rendre les chrétiens responsables de toutes ces disgrâces? Autrefois la vie humaine dépassait huit et neuf cents ans; aujourd’hui elle peut à peine atteindre un siècle. Nous voyons des cheveux blancs sur la tête des enfants; la chevelure tombe avant d’avoir pris son accroissement; la vieillesse, qui devrait être le terme de l’existence, en est, au contraire, le seuil. Ainsi tout ce qui naît se précipite vers sa fin et participe (247)à la décrépitude du monde. Ne vous étonnez donc pas de voir tout dépérir dans l’univers, quand l’univers lui-même touche à sa décadence et à son terme.
