XLII.
Que pourrai-je dire de leur prédication? Ils n'ont point à cœur de convertir les païens, mais de pervertir nos fidèles; ils mettent leur gloire à renverser ceux qui sont debout, au lieu de relever ceux qui sont tombés. Je ne m'en étonne pas; ils ne peuvent s'élever eux-mêmes que sur les débris de la vérité; c'est pourquoi ils s'efforcent de faire crouler notre Eglise pour bâtir la leur. Otez-leur la loi de Moïse, les prophètes, le Dieu créateur, vous leur fermez la bouche: ils n'attendent rien à édifier, leur unique talent est de détruire; ce n'est que dans cette vue qu'ils sont flatteurs, humbles et soumis. Du reste, ils ne connaissent pas le respect, même pour leurs préposés; et c'est pour cette raison qu'il n'y a guère de schisme parmi eux. On ne le remarque point; le schisme pour eux est, l'unité: sans cesse ils varient, ils s'écartent de leurs propres règles. Chacun tourne à sa fantaisie la doctrine qu'on lui a enseignée, comme celui de qui il l'a reçue l'avait inventée à sa fantaisie. L'hérésie, dans ses progrès, ne dément point sa nature et son origine. Les Valentiniens et les Marcionites ont autant de droit d'innover à leur gré dans la religion, que Valentin et Marcion. Toutes les hérésies, si on les examine à fond, s'éloignent en bien des points des sentiments de leurs auteurs. La plupart des hérétiques n'ont pas même d'églises; ils sont errants et vagabonds, sans mère, sans foi, sans feu ni lieu.