15. Le renoncement imparfait est un renoncement inutile.
Pour ceux qui disent avoir renoncé au monde et qui se défient ensuite de la Providence, et craignent de se dépouiller des richesses de la terre, voici ce que recommande le Deutéronome : « Si quelqu'un tremble et a le coeur timide , qu'il ne parte pas pour la guerre, mais qu'il s'en aille et retourne à la maison , de peur qu'il ne communique aux coeurs de ses frères la crainte qu'il éprouve lui-même. » (Deut., XX, 8.) Quoi de plus clair que ce passage? N'est-il pas évident qu'il vaut mieux ne pas embrasser une profession et usurper un nom, pour éloigner ensuite les autres de la perfection évangélique, par ses paroles et ses mauvais exemples, en affaiblissant leur courage? Il est commandé à ces lâches de s'éloigner du combat, de retourner à leur maison, parce que celui qui a le coeur timide est impropre aux combats du Seigneur : « L'homme qui a l'esprit partagé est inconstant dans ses voies. » (S. Jacq., I, 8.) Qu'il fasse comme ce roi de l'Évangile qui s'avance avec dix mille hommes, contre un autre qui en a vingt mille. (S. Luc, XIV, 31.) Qu'il comprenne qu'il ne peut résister à l'ennemi et qu'il demande la paix, lorsqu'il est encore loin, c'est-à-dire qu'il ne s'engage pas dans la voie du renoncement, pour la suivre ensuite avec tiédeur et s'y perdre malheureusement. « Il vaut mieux ne rien promettre , que promettre et ne pas tenir. » (Ecclés., V, 4.) Il est bien dit que l'un vient avec dix mille hommes, et l'autre avec vingt mille, car le nombre des vices qui nous combattent est plus grand que celui des vertus qui nous défendent.« Personne ne peut servir à la fois Dieu et les richesses.» (S. Matth., VI, 24.) «Et celui qui met la main à la charrue, et qui regarde en arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu. » (S. Luc, IX, 62.)