V. 14
« J'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil, et j'ai trouvé que tout n'est que vanité et présomption d'esprit. » Nous sommes obligés, pour bien expliquer l'Écriture, de parler des mots hébreux du texte plus souvent que nous ne voudrions. Le terme routh, que les interprètes grecs traduisent diversement, signifie plutôt : un mouvement «volontaire » du coeur qu'une « présomption » de notre esprit. L'Ecclésiaste dit donc que chacun fait dans ce monde ce qui lui plaît , que chacun y suit ses propres lumières et ses inclinations , et que, comme chacun est maître de lui-même, il arrive que les hommes se portent volontairement à une infinité de choses toutes différentes. Les uns goûtent ce qui déplaît aux autres ; ceux-ci condamnent ce que d'autres avaient approuvé. Insupportables à nous-mêmes , insupportables à tous les autres, nous faisons le bien ou nous nous portons au mal par des motifs opposés et contraires. Ce peu d'uniformité et cette bizarrerie de sentiments parmi les hommes est la source de tout le travers, de toutes les vanités et de toutes les misères qui accablent les enfants d'Adam sur la terre : Et vana sunt universa sub sole, dum invicem nois in bonorum et malorum finibus displicemus.
Le Juif sous la discipline duquel j'ai appris les Écritures saintes me faisait remarquer que le mot hébreu routh dont nous avons parlé signifie en cet endroit; non : la «volonté, » ou : la « présomption » de l'esprit de l'homme, mais : les «afflictions », et : les « misères »qu'il souffre dans cette vie. Il disait donc que le sens de ce passage se devait prendre en cette manière: J'ai fait attention sur tout ce qui se fait dans le monde, et je n'y ai rien vu que des misères et des sujets d'affliction ; c'est-à-dire : des choses capables d'apporter du chagrin et du trouble dans l'âme.