PRÉFACE.
Je me souviens que quand j'étais encore à Rome, il y a environ cinq ans, je lisais à sainte Blesille le livre de l'Ecclésiaste, pour la porter au mépris du monde en lui faisant connaître la fragilité et la vanité des créatures, qui portent tant de marques du néant d'où elles ont été tirées. Ce fut dans le même temps qu'elle me pria de lui faire une espèce de petit commentaire sur les endroits obscurs de ce livre, afin qu'en mon absence et sans mon secours elle pût entendre toute seule ce qu'elle lisait. Mais comme une mort précipitée l'enleva tout d'un coup de ce monde lorsque j'étais sur le point de dicter mon commentaire, je fus alors percé d'une si vive douleur sur une si grande perte , qu'il m'eût été impossible de rien dire, n'étant occupé qu'à penser en moi-même que nous n'étions pas dignes, ô Paula et Eustochia, de jouir plus longtemps de la compagnie d'une personne d'un si rare mérite. Maintenant donc que j'ai établi ma demeure dans Bethléem, ville infiniment plus auguste que celle de Rome1, je rends à la mémoire de Blesille ce que je lui dois, et je vous accorde à vous-mêmes ce que je ne saurais vous refuser. liais je crois qu'il faut vous avertir en passant que dans ce commentaire je n'ai pas prétendu m'assujettir à l’autorité d'aucun interprète en particulier. Il est vrai néanmoins que je me suis plus approché de la version des Septante que d'aucune autre, dans les endroits où leur traduction n'était pas trop éloignée du texte hébreu que je traduisais. J'ai l'ait aussi quelquefois mention des autres traducteurs grecs, je veux dire d'Aquila, de Symmaque, etc., afin d'éviter par là le reproche d'une trop grande nouveauté, qui aurait pu faire de la peine à mes lecteurs ; et ceci pourtant sans préjudice des intérêts de ma conscience, qui ne me permettait pas d'abandonner la source de la vérité pour suivre des opinions particulières et les sentiments des hommes.
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Il dit ailleurs : « Je regarde le lieu de la naissance du Sauveur du monde comme. beaucoup plus auguste et plus vénérable que celui où l'on a vu naître le parricide de son propre frère. » Préf. sur le liv. de Didyme touchant le Saint-Esprit. ↩