VII.
Puis donc que tous les philosophes se sont vus forcés, comme malgré eux, de reconnaître un seul Dieu, quand ils ont remonté au premier principe des choses ; puisque nous-mêmes nous reconnaissons pour Dieu unique l'auteur de cet univers, pourquoi leur permettre de dire et d'écrire impunément sur la Divinité tout ce qui leur plaît, tandis que la loi nous en fait un crime à nous, qui pouvons établir, sur des témoignages certains et des preuves évidentes, la vérité de notre croyance sur l'unité de Dieu ? Car les poètes et les philosophes ont effleuré cette importante question, comme tant d'autres, en nous livrant leurs conjectures, d'après quelques lumières reçues d'en haut il est vrai; mais du reste, sans autres guides qu'eux-mêmes dans leurs efforts impuissants pour arriver à la vérité. Car ce n'est pas de Dieu, mais d'eux-mêmes, qu'ils se sont flattés d'apprendre ce qu'il faut penser de la Divinité, et voilà pourquoi ils se sont partagés en tant d'opinions différentes sur Dieu, sur une matière, sur les formes, sur le monde. Quant à nous, nous avons pour garants de notre croyance et de notre foi les prophètes, qui nous ont enseigné ce qu'il faut croire sur Dieu et sur ses divins attributs, après l'avoir ap- pris eux-mêmes de l'Esprit saint. Vous qui remportez sur tes autres par votre sagesse et votre piété envers le vrai Dieu, vous conviendrez avec nous que ce serait outrager la raison que de refuser de croire à l'esprit de Dieu, parlant par les prophètes, qui n'étaient que des instruments dociles pour ajouter foi à des opinions humaines.