Chapitre XXIX
Quelqu’un me dira peut-être, en alléguant l’exemple de Job : comment donc le démon a-t-il pu faire tout le mal qu’il a voulu, comment a-t-il pu le priver de tous ses biens, faire mourir tous ses enfants, et le frapper même en son corps d’une plaie si cruelle ? (Job 1, 15-22 ; 2, 7). Je réponds que ce pouvoir ne vient pas du démon mais de Dieu, qui lui a permis de traiter Job de la sorte, afin d’éprouver sa vertu. Car ne pouvant rien de lui-même, il lui demanda et obtint cette permission, ce qui fait encore voir plus clairement que cet ennemi mortel de notre salut ne peut faire aucun mal aux justes, quelque désir qu’il ait de leur nuire. Car s’il avait ce pouvoir, il ne le demanderait pas, alors qu’il l’a demandé non seulement une fois mais plusieurs fois ; ce qui fait connaître quelle est sa faiblesse et son impuissance. Or il ne faut pas vous étonner qu’il n’ait rien pu de lui-même contre Job, puisqu’il n’a pu nuire à un seul des animaux qui lui appartenaient qu’après en avoir reçu une permission de Dieu. Sa puissance ne s’étend même pas sur les pourceaux, puisque nous lisons dans l’évangile : Permettez-nous d’entrer dans ce troupeau de pourceaux (Mt 8, 21). S’ils n’ont aucun pouvoir sur les bêtes, à combien plus forte raison n’ont-ils point d’empire sur l’homme qui est créé à l’image de Dieu ?