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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

4.

On ne peut pas dire que Dieu soit indifférent à la bonne éducation des enfants, puisqu’à cet égard on le voit montrer partout la plus grande sollicitude. Il a d’abord déposé dans le fond de la nature ce désir violent qui porte chacun à pourvoir aux besoins de ceux qu’il a engendrés, et qui fait de l’accomplissement de ce devoir une impérieuse nécessité. A cette loi naturelle, il en a ajouté de positives, jusqu’à entrer dans le détail des soins que réclame l’instruction de l’enfance. Quand il établit des fêtes dans l’Ancien Testament, il ordonne aux pères d’en apprendre aux enfants les raisons et de leur en découvrir tout le mystère. Ainsi, après avoir parlé de la Pâque, il continue : Et vous l’apprendrez à votre fils en ce jour, lui disant : voici pourquoi Dieu m’a ordonné ces choses; c’est qu’en ce jour je suis sorti de l’Egypte. (Exode, XIII, 8, 14, 15.) Il fait de même pour la loi des premiers-nés; après l’avoir portée, il ajoute encore : Et si votre fils vous questionne à ce sujet, disant:

que signifie ceci? vous lui direz : c’est que le Seigneur m’a tiré par la force de .s’on bras de l’Egypte, de la maison de servitude. Mais comme Pharaon endurci refusait de nous laisser partir, Dieu fit mourir tous les premiers-nés dans la terre d’Egypte, depuis les premiers-nés des hommes jusqu’aux premiers-nés des animaux : voilà pourquoi je sacrifie à Dieu tout enfant mâle qui ouvre le sein de sa mère. (Ibidem.) Amener les enfants à la connaissance de Dieu par toutes les voies, tel était l’ordre du Seigneur.

Il prescrit aussi de nombreux devoirs aux enfants à l’égard de ceux qui leur ont donné le jour, récompensant les fils reconnaissants, punissant les ingrats, nouveau moyen de les rendre encore plus chers à leurs pères et mères et de redoubler les liens qui existent entre eux.

Quand on nous établit maîtres de quelqu’un, plus on nous donne d’autorité sur lui, plus cet honneur entraîne l’obligation d’en prendre soin; à défaut d’autres, cette seule raison, que ses affaires sont entre nos mains, suffirait à nous entraîner, et nous ne saurions nous décider à trahir jamais celui qui nous a été ainsi confié. D’un autre côté Dieu soutient l’autorité paternelle, sa colère s’allume contre les enfants qui la méprisent, il ressent les insultes faites aux pères plus vivement que les pères eux-mêmes, il punit toujours les coupables. C’est encore un nouveau lien qui resserre l’union des pères et des enfants. Voilà ce que Dieu a fait. Le premier lien qu’il a établi est un lien naturel, il oblige les parents pour ainsi dire malgré eux à nourrir et à élever leurs enfants selon le commandement divin qu’ils trouvent gravé dans leurs coeurs. Mais comme ce lien naturel, affaibli de plus en plus par l’insoumission des enfants, pourrait se rompre tout à fait, le Seigneur a élevé comme une barrière pour les retenir dans le devoir, il a établi une double sanction émanant et de lui-même et des parents; par ce moyen il subordonne rigoureusement les enfants à leurs pères, et du même coup il inspire à ces derniers un plus grand amour pour leurs enfants. Ce qui constitue un second et même un troisième lien. Ce n’était pas assez; Dieu en a formé un quatrième qui quadruple la force de cette union. Je viens de dire qu’il punit les fils insoumis et ingrats, et qu’il récompense les bons fils; or, il agit de même vis-à-vis des parents ; il punit très-sévèrement les pères négligents, et il comble d’honneurs et de louanges ceux qui s’acquittent avec soin de tous leurs devoirs paternels. -Nous avons déjà vu le châtiment exemplaire qu’il fit souffrir à ce vieillard de l’Ancien Testament, coupable d’avoir mal élevé ses deux fils, quoique d’ailleurs il fût très-illustre par sa vertu. Au contraire il récompense le patriarche Abraham pour sa sollicitude paternelle non moins que pour ses autres vertus; car, énumérant les nombreux et magnifiques dons qu’il a promis de lui faire, entre autres causes qu’il en indique, on remarque celle-ci : Car je sais qu’Abraham ordonnera à ses enfants et à sa maison après lui, de garder les voies de Dieu, leur Seigneur, et d’agir selon la justice et l’équité. (Gen. XVIII, 19.)

Apprenons par là que Dieu n’aura point d’indulgence pour ceux qui auront négligé ces objets de sa vive sollicitude. Il ne se peut pas que le même Dieu s’occupe à ce point du salut des enfants, et qu’il laisse néanmoins en paix ceux qui l’auront négligé. Non, il ne les laissera pas en paix, mais son indignation éclatera contre eux, l’histoire que nous venons de rapporter le prouve assez. C’est pourquoi saint Paul nous donne continuellement ces conseils: Pères, élevez vos enfants dans la discipline et la crainte du Seigneur. (Ephes. vi, 4.) Si nous sommes tenus de veiller sur l’âme de vos enfants, nous étrangers, si Dieu doit nous en demander compte, quelle ne sera pas votre responsabilité, vous qui les avez engendrés, élevés, nourris dans votre maison? Un père ne pourra pas plus avoir recours aux excuses ni à l’indulgence pour les fautes de ses enfants que pour les siennes propres. C’est ce que saint Paul nous démontre encore jusqu’à l’évidence. Lorsqu’il détermine les qualités nécessaires à ceux qui sont préposés au gouvernement des hommes, entre autres vertus qu’ils doivent absolument posséder, il exige le soin de leurs enfants, parce qu’i1 n’y aura pas de pardon pour nous si nous les laissons se pervertir. Et quoi de plus juste? Si les hommes devenaient méchants par la nécessité de leur nature, on aurait quelques raisons de chercher des excuses et quelque espoir d’en trouver, mais comme c’est par notre libre arbitre que nous sommes ou bons ou mauvais, quelle raison, je ne dis pas solide, mais spécieuse, pourrait apporter le père qui aura laissé l’objet de ses plus chères affections se pervertir et devenir mauvais? Dira-t-il qu’il n’a pas même essayé de le rendre vertueux? Mais jamais aucun père ne voudrait prononcer une telle parole, la nature est là qui le presse et l’excite constamment à remplir ce devoir. Qu’il n’a pu ? mais l’excuse est inacceptable : recevoir un tout petit enfant, le recevoir dès le principe et comme au sortir des mains de Dieu, avoir seul toute autorité sur lui, le garder continuellement chez soi; tout cela rend aisé et facile le redressement de ses défauts. De sorte que la perte des enfants ne saurait venir d’une autre cause que de la folie qui attache leurs parents aux intérêts du monde,; n’avoir que ces intérêts matériels en vue, ne rien vouloir y préférer, voilà ce qui les force à négliger leurs enfants et le salut de leur âme.

Ces pères (et qu’on ne prenne point ceci pour une parole d’emportement), ces pères, je n’hésiterai pas à le dire, sont pires que des parricides. Ceux-ci séparent l’âme du corps; mais ceux-là, emportant l’âme avec le corps, les jettent l’une et l’autre dans le feu de l’enfer. La première mort, il la fallait toujours recevoir de la nature; et la seconde on pouvait l’éviter, si la faiblesse des parents ne l’eût donnée. De plus la mort du corps sera détruite et effacée par la gloire de la résurrection, mais la perte de l’âme est irréparable; pour elle plus de salut possible, mais des châtiments nécessaires et éternels. Ce n’est donc pas sans raison que nous disions que ces pères sont pires que ceux qui tuent leurs enfants. Aiguiser un glaive, en armer sa main, le plonger dans la poitrine d’un enfant, n’est pas chose aussi cruelle que de corrompre et de perdre son âme; car nous n’avons rien que nous puissions comparer à l’âme.

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