• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Jean Chrysostome (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

9.

Mais quel besoin, direz-vous, ont nos enfants de cette sagesse, de cette vie parfaite que vous vantez tant? — Voilà précisément la cause de tous nos maux, elle se révèle dans cette objection qui considère comme oiseuse et superflue la chose, la seule nécessaire, celle qui résume toute notre vie. Quel père, voyant son fils malade de corps, demanderait s’il a besoin d’une bonne santé? Il n’y en a pas un au contraire qui ne fût prêt à tout pour le guérir à jamais. Et quand l’âme est malade, on prétend que l’âme n’a pas besoin de guérison, et après de tels propos, on se dit père! — On insiste et l’on dit Faut-il que tout le monde se fasse moine, et déserte la vie ordinaire? Que deviendrait la société si l’on vous écoutait? —Ah! mon cher ami, ce n’est pas l’observation des préceptes et des conseils de Jésus-Christ qui met la société en péril.

Quels sont ceux qui troublent le monde et renversent l’ordre? Sont-ce les hommes qui vivent sagement et régulièrement; ou bien ceux qui imaginent des moyens nouveaux et inouïs de flatter leur gourmandise et leur sensualité ? Sont-ce les hommes qui ont à coeur de protéger les intérêts de tous, ou bien ceux qui se contentent de faire leurs propres affaires? ceux qui ont des troupes d’esclaves, qui traînent après eux des essaims de flatteurs, ou bien ceux qui croient pouvoir se contenter d’un seul serviteur? je ne parle pas ici de la plus haute perfection; je me borne à celle qui est à la portée de tous. Sont-ce les hommes charitables et doux, peu soucieux des applaudissements populaires, ou ceux qui exigent les hommages de leurs frères plus rigoureusement qu’une dette , et qui exerceront toute sorte de vengeances sur quiconque ne se sera pas levé en leur présence ne les aura pas salués le premier, ne se sera pas incliné devant eux et ne leur aura pas rendu tous les devoirs des esclaves? ceux qui aiment à obéir, ou bien ceux qui désirent des places et des charges, et qui, pour cela, ne reculent devant aucun travail ni aucune peine? ceux qui se croient meilleurs que tous les autres, et qui pour cette raison se croient toute parole et toute action permise, ou bien ceux qui se comptent parmi les derniers et répriment par ce moyen les tyranniques exigences des passions? ceux qui se bâtissent de somptueuses demeures, se font servir des tables splendides, ou bien ceux qui ne désirent rien au delà de la nourriture et du logement nécessaires ? ceux qui cultivent mille arpents, ou ceux qui ne croient pas même nécessaire de posséder une motte de terre? ceux qui amassent intérêts sur intérêts, qui prennent pour arriver à la richesse les voies les plus injustes, ou bien ceux qui prennent sur leur bien pour soulager l’indigence? ceux qui confessent la pauvreté de la nature humaine et leur propre faiblesse, ou bien ceux qui ne veulent pas même la reconnaître, et qui dans leur excessive présomption finissent par ne plus se croire des hommes? ceux qui entretiennent des concubines et souillent la couche d’autrui, ou bien ceux qui gardent la continence même avec leurs épouses?

De ces deux classes d’hommes, les uns sont les fléaux de la société; je les compare aux tumeurs qui gâtent la beauté du corps, aux vents furieux qui agitent la mer et causent des naufrages. Les autres, au contraire, comme des phares qui brillent dans la nuit, appellent de tous côtés dans les abris sûrs et tranquilles les malheureux navigateurs ballotés par les vagues, et à deux doigts de leur perte. Allumant sur les hauteurs les flambeaux de la sagesse, ils amènent comme par la main les hommes de bonne volonté dans le port du salut et de la paix. N’est-ce pas par les premiers qu’arrivent les révolutions, les guerres et les combats, le sac des villes, les chaînes, l’esclavage, les captivités, les meurtres et les mille maux de cette vie? Ne sont-ils pas les auteurs non-seulement des maux que les hommes causent aux hommes, mais de tous ceux qui fondent du ciel sur l’humanité, les sécheresses, les inondations, les tremblements de terre, la ruine et l’engloutissement des villes, les famines, les pestes , tout ce que le ciel enfin déchaîne contre nous de fléaux.

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (115.11 kB)
  • epubEPUB (100.93 kB)
  • pdfPDF (353.08 kB)
  • rtfRTF (311.75 kB)
Traductions de cette œuvre
Apologie de la vie monastique

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité