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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

16.

Mais, direz-vous peut-être, nous désirons voir les enfants de nos enfants. Comment pouvez-vous faire cette objection, vous qui n’êtes pas même pères; il ne suffit pas d’engendrer des enfants pour mériter le nom de père. Sur ce point j’en appelle au témoignage de ces parents qui, voyant leurs enfants arrivés au dernier degré du vice, les repoussent et les renient comme s~.ils n’étaient pas à eux, sans que ni la nature, ni la tendresse paternelle, ni toute autre considération semblable puisse les arrêter. Au reste, quand vos enfants seraient des modèles de vertu, ce n’est pas une raison pour que vous puissiez prendre le titre de pères; faites-les naître vous-mêmes à la perfection chrétienne, et c’est alors seulement que vous aurez le droit de vous dire pères, que vous pourrez désirer de voir, et voir véritablement les enfants de vos enfants. Ce sont alors des enfants, de véritables enfants nés non pas du sang, non pas de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu même. (Joan. I, 13.) Ces enfants ne donneront point de peines à leurs parents pour des richesses, pour un mariage ou pour toute -autre cause, ils les laisseront exempts de tout souci, ils leur procureront plus de jouissances que s’ils étaient seulement leurs pères selon la chair. - Ils ne sont pas engendrés ni élevés pour les mêmes fins que les autres, mais pour de bien plus grandes et de bien plus brillantes ; voilà pourquoi ils font bien mieux la joie de leurs parents.

Je pourrais dire encore qu’il n’y a rien d’étrange à ce que les hommes qui ne croient pas à la résurrection trouvent dur de se voir privés de postérité, parce que c’est la seule consolation qu’ils peuvent avoir; mais nous qui regardons la mort comme un sommeil, nous. qui avons appris à mépriser tous les biens d’ici-bas, quel pardon pourrions-nous. espérer, si. nous pleurions pour une pareille cause, et si nous demandions à voir et à laisser des enfants dans cette vallée de misères, d’où nous avons hâte de sortir, et où nous ne trouvons que sujet d’affliction et de larmes? J’adresse cette réponse à ceux qui sont avancés dans les choses de la foi. En voici une autre pour ces hommes charnels que le siècle tient enchaînés à ses vanités et à ses folies: premièrement, ils ne savent pas si le mariage leur procurera des enfants; ensuite, s’ils en ont, leur peine n’en sera que plus grande; car la joie que nous procurent les enfants n’est pas à comparer avec la peine que nous causent nos soins continuels, nos incertitudes, nos craintes à leur sujet.

Mais à qui donc laisserons-nous nos champs, nos maisons, nos esclaves et nos trésors? Car j’entends encore cette plainte sortir de leur bouche. Vous les laisserez à celui qui en est le plus légitime héritier; vous les lui léguerez avec d’autant plus de raison qu’il en sera le gardien et le maître le plus sur. D’ailleurs que de risques courent ces biens, avant qu’ils soient entre les mains de ce maître? Les vers, le temps, les voleurs, les délateurs, les envieux, l’incertitude de l’avenir, l’instabilité des choses humaines, la mort enfin, pouvaient priver votre fils de ces richesses et de ces biens; maintenant il les a placés bien au-dessus de tout cela , il leur a trouvé un inviolable abri où nul des fléaux que je viens de nommer ne peut atteindre. Cet abri, c’est le ciel, où il ne se dresse pas d’embûches, le ciel plus fertile que toute terre, et qui rend avec usure les trésors qu’on lui confie. Ce n’est donc pas maintenant qu’il faut faire entendre ces regrets; si votre enfant allait mener la vie des hommes du monde, c’est alors qu’il faudrait se lamenter et dire: à qui laisserons-nous nos champs? à qui, notre or, à qui toutes nos autres richesses?

Ainsi placés, nos biens deviennent si pleinement notre propriété, que loin d’en perdre le domaine après notre départ d’ici-bas, nous n’en jouissons jamais tant qu’après que nous avons quitté cette vie, Voulez-vous voir votre fils exercer son domaine dès cette vie? Cela lui sera plus facile dans la solitude que dans le monde, En effet, dites-moi, lequel des deux est le plus maître de son bien, de celui qui le dépense et le donne en toute liberté, ou de celui qui n’ose y toucher par avarice, mais qui enfouit ses richesses et s’abstient d’en jouir comme s’il n’en était que le dépositaire? Encore une fois, lequel est le plus maître de ses biens? Est-ce celui qui les dépense inutilement et sans raison, ou celui qui le fait à propos et. suivant la prudence chrétienne? Celui qui sème sur la terre, ou celui qui sème dans le ciel? Est-ce celui qui n’a pas la liberté de donner à qui il veut tout ce qu’il possède, ou celui qui s’est affranchi des tributs importuns de tous les solliciteurs? Car le laboureur et le négociant sont de toutes parts assaillis par des gens qui les forcent à payer tribut et qui leur réclament chacun sa part; tandis que jamais personne ne vient exercer de semblables contraintes sur celui qui désire dominer son bien aux indigents. Ainsi dès ici-bas ce dernier est plus véritablement maître de ses biens. Si vous trouvez quelqu’un qui prodigue sa fortune aux femmes, à son ventre, à des parasites et à des flatteurs, qui prostitue ainsi sa réputation, qui perde son salut et se rende, de plus, ridicule, direz-vous qu’il est le maître de sa fortune? Ne le direz-vous pas au contraire de celui qui la dépensera avec beaucoup d’intelligence pour sa gloire et son utilité, ainsi que pour faire la volonté de Dieu? Si telles n’étaient pas vos idées, vous feriez absolument comme si, voyant quelqu’un jeter ses biens à la rivière, vous disiez qu’il en est véritablement maître, et vous déploriez la condition de celui qui les dépenserait pour des usagés nécessaires, comme s’il n’avait pas la jouissance de ce qu’il dépense ainsi. Je dirai même que faire servir sa fortune à satisfaire de viles passions, c’est plus que dépenser sans utilité, c’est dépenser pour se perdre. Dépenser pour le ciel, cela ennoblit, enrichit l’homme, assure son bonheur, tandis que dépenser pour la terre ne peut qu’avilir, dégrader et compromettre le salut,

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Apologie de la vie monastique

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