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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LXVII.

2.

Cela est assez clairement indiqué par cette circonstance que l’évangéliste relève: « que ce n’était point encore la saison du fruit ». Cette parole nous fait voir que Jésus-Christ n’allait pas en effet à cet arbre pour voir s’il y avait du fruit, mais seulement pour le bien de ses apôtres, que l’Evangile dit avoir été étrangement surpris de ce miracle. Quelques miracles qu’ils eussent déjà vu faire à leur Maître en tant de différentes manières, celui-ci leur paraît tout nouveau, en ce que Jésus-Christ y témoignait pour la première fois la souveraine puissance qu’il avait pour punir les crimes. Il choisit pour ce sujet celui de tous les arbres où ce miracle devait être plus surprenant, c’est-à-dire l’arbre le plus rempli de sève, et il le dessèche tout à coup. Mais, pour montrer clairement que ce miracle ne se faisait que pour les apôtres et pour leur donner de la confiance aux approches de la Passion, nous n’avons qu’à considérer la suite : « Ce que les disciples ayant vu, ils furent saisis d’étonnement, et se dirent l’un à l’autre : Voyez comme ce figuier est devenu sec en un instant (20). Jésus leur répondit: Je vous dis en vérité, si vous avez de la foi et si vous n’hésitez point, non seulement vous ferez ce que vous venez de voir en ce figuier; mais quand même vous diriez à cette montagne: « Otez-vous de là, et jetez-vous dans la mer, cela se fera (21). Et quoi que ce soit que vous me demandiez dans la prière, vous l’obtiendrez si vous le. demandez avec foi (22) ». Comprenez-vous enfin par ces paroles, mes frères, que Jésus-Christ n’a fait ce miracle que pour remplir ses apôtres de courage, et pour les empêcher de craindre les maux dont leurs ennemis les menaceraient? C’est pourquoi il réitère ici par deux fois la même promesse pour les rendre plus ardents à l’oraison; et pour réveiller leur foi davantage : « Non-seulement», leur dit-il, «vous ferez ce que vous venez de voir en ce figuier», mais votre foi et votre oraison vous donneront tant de force et tant de confiance, que vous transporterez les montagnes d’un lieu à un autre.

« Etant arrivé dans le temple, les princes des prêtres et les sénateurs qui étaient les chefs du peuple, le vinrent trouver comme il enseignait, et lui dirent : Par quelle autorité faites-vous ceci, et qui vous a donné cette autorité (23) »? Les Juifs toujours insolents et toujours aveugles viennent interrompre le Sauveur lorsqu’il instruisait le peuple. Ne pouvant décrier ses miracles, ils l’attaquent sur cette manière si forte, avec laquelle il s’était élevé contre ceux qui exerçaient dans le temple un trafic honteux. On voit dans saint Jean qu’ils font la même demande au Sauveur, non pas dans les mêmes termes, mais dans le même esprit. Car cet évangéliste marque qu’ils lui dirent : « Par quel miracle nous montrez-vous que vous ayez droit de faire de telles « choses »? (Jean, XVIII.) Mais on voit que dans saint Jean, Jésus-Christ leur fait cette réponse: « Détruisez ce temple et je le rétablirai en trois jours ». Mais saint Matthieu dit ici qu’il leur fit une autre question qui les jeta dans un étrange embarras. Ce qui nous fait voir comme je l’ai dit, que cette même action arriva deux fois.: l’une au commencement des miracles et de la prédication de Jésus-Christ, et l’autre à la fin.

Cette demande donc « Par quelle autorité faites-vous ces choses »? revient à ceci : Avez -vous été établi dans la chaire de doctrine? Avez-vous reçu l’ordre de la sacrificature, pour vous attribuer une si grande puissance? Cependant l’action de Jésus-Christ ne pouvait être blâmée comme une entreprise audacieuse, puisqu’elle ne tendait qu’à conserver l’honneur et le respect qui est dû au temple. Ils (525) prennent de là néanmoins un sujet de l’envier, parce que leur envie n’en trouvait point d’autre. Ils n’osent pas même lui faire cette demande au moment qu’il chassait les vendeurs du temple, parce qu’ils étaient arrêtés par l’éclat de ses miracles. Mais le trouvant occupé à enseigner le peuple, ils l’interrompent pour le quereller. Que fait donc Jésus-Christ en cette rencontre? Il ne répond point précisément à leurs demandes : Il n’était point nécessaire de leur dire d’où lui venait une puissance qu’ils pouvaient, s’ils eussent voulu, reconnaître par eux-mêmes. Il leur fait au contraire une autre question.

« Jésus leur répondit : J’ai une autre question à vous faire, et lorsque vous m’y aurez répondu, je vous dirai par quelle autorité je fais ceci (24). D’où était le baptême de Jean? Du ciel, ou des hommes (25) »? Quelle liaison, me direz-vous, y avait-il de cette question avec celle qu’ils lui faisaient? une très grande: car s’ils eussent répondu que ce baptême était du ciel, Jésus-Christ leur eût répliqué : Pourquoi ne l’avez-vous pas cru, puisque si vous l’eussiez fait, vous ne seriez pas en peine maintenant de me demander d’où me vient cette puissance? Vous savez qu’il a dit « Je ne suis pas digne de dénouer le cordon de ses souliers (Luc, III, 16) » ; et « Voilà « l’agneau de Dieu, voilà celui qui porte le « péché du monde (Jean, I, 29) » ; et « C’est là le Fils de Dieu (Jean, III, 31)»; et « Celui qui est venu d’en-haut est au-dessus de tous » ; et « Il a le van en main et il purgera son aire.» (Matth. III, 12.) C’est pourquoi, s’ils eussent cru saint Jean, il leur eût été aisé de connaître par quelle autorité Jésus-Christ aurait agi de la sorte.

« Mais eux raisonnaient ainsi en eux-mêmes: Si nous répondons qu’il était du ciel, il nous dira : Pourquoi donc ne l’avez-vous pas cru (25)? Et si nous répondons qu’il était des hommes, nous avons à craindre le peuple, car Jean passe pour un prophète dans l’estime de tout le monde (26). Ils répondirent donc à Jésus: Nous ne savons. Et Jésus aussi leur répondit Je ne vous dirai point non plus par quelle autorité je fais ceci (27).» Les Juifs lui disent par malice: « Nous ne savons»; mais il ne leur répond pas: Je ne le sais pas non plus; mais « Je ne vous le dirai pas non plus.» S’ils eussent été simplement dans l’ignorance, il n’eût pas refusé de les instruire; mais comme ils agissaient par un esprit double et artificieux, il a raison de les laisser sans leur rien répondre.

Ce qui les empêcha de dire que le baptême de Jean était des hommes, était, comme dit l’Evangile, « la crainte qu’ils avalent du peuple »; Ainsi l’on voit en toutes rencontres, combien ils étaient corrompus dans le coeur, puisque, méprisant Dieu, ils n’avaient égard qu’aux hommes. Car ils témoignent ici quelque respect pour saint Jean, non à cause de sa vertu, mais seulement « à cause du peuple », et ils ne voulaient pas de même croire en Jésus-Christ, parce qu’ils faisaient tout par des respects humains et charnels. Ce souci qu’ils avaient des hommes était l’unique cause de tous leurs maux.

« Que vous semble, ajoute Jésus-Christ, de ce que je m’en vais vous dire? Il y avait un homme qui avait deux fils, et s’adressant au premier, il lui dit: Mon fils, allez-vous-en aujourd’hui travailler à ma vigne (28). A quoi il répondit: Je ne veux pas: mais après, étant touché de repentance, il s’y en alla (29). Puis s’adressant à l’autre , il lui fit le même commandement, celui-ci lui répondit: J’y vais, seigneur, et-il n’y alla point (30). Lequel des deux a fait la volonté de son père? Le premier, dirent-ils (31) ». Il commence encore à leur parler par paraboles, pour rendre d’un côté leur désobéissance et leur opiniâtreté inflexible, et pour louer de l’autre l’obéissance si prompte et si ardente des gentils; en effet, ce qui se passe ici à l’égard de ces deux enfants est la figure de ce qui devait arriver à ces deux peuples. Car les gentils, qui n’avaient point promis à Dieu l’obéissance puisqu’ils n’avaient pas même reçu de loi, n’ont pas laissé de lui obéir effectivement, et avec beaucoup de zèle; et les juifs au contraire, après avoir promis par un voeu solennel « de faire tout ce que le Seigneur leur dirait (Exod. XIX, 8; et XXIV, 3) », n’ont point fait ce qu’il leur a commandé. Afin donc qu’ils ne s’imaginent pas que cette loi leur doive servir de rien, Jésus-Christ leur montre au contraire que ce sera par elle. qu’ils seront condamnés un jour. C’est ce que saint Paul a dit ensuite: « Ceux qui écoutent la loi, ne seront pas pour cela justes devant Dieu; mais ceux-là seront justes devant lui, qui observent la loi et qui la pratiquent». (Rom. II, 13.) C’est pourquoi le Seigneur propose aux juifs une question, il veut qu’ils se (526) prononcent afin qu’ils se condamnent eux-mêmes par leur propre bouche.

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