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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XVI.

7.

On en peut voir autant à l'égard des martyrs. Un grand nombre de ceux qui étaient descendus au dernier degré de l'abjection, ont été couronnés à l'heure des combats; et d'autres, au contraire, que l'on tenait en grande estime, ont été supplantés et sont tombés. N'en demandez donc point compte au Créateur et ne dites pas : Pourquoi l'un est-il couronné et l'autre puni? Dieu sait tout faire avec justice; c'est pourquoi il disait : « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü ». Le résultat vous a fait voir qu'il agissait en toute justice; mais lui voyait tout clairement avant le résultat. Dieu ne cherche pas seulement la démonstration par les oeuvres, mais aussi la générosité de la volonté et le sentiment de la reconnaissance. Celui qui les a, peut tomber par l'effet des circonstances, mais il se relèvera bientôt; et quand il persévérerait dans le mal, Dieu qui sait tout, ne le dédaignera pas et le ramènera promptement à lui; tandis que celui qui est gâté en lui-même, semblât-il faire quelque chose de bien, périra, parce qu'il le fait avec une intention mauvaise. Ainsi David coupable de meurtre et d'adultère, s'est bientôt lavé de ces crimes, parce qu'il les avait commis par l'entraînement des circonstances et sans préméditation ; tandis que le Pharisien, qui n'est ni adultère ni meurtrier, mais qui se glorifie du bien qu'il a fait, en perd tout le fruit par sa mauvaise volonté.

Que dirons-nous donc? Y a-t-il en Dieu de a l'injustice? Nullement (14) ». Par conséquent il n'y en a ni à notre égard, ni à l'égard des Juifs. Puis l'apôtre ajoute quelque chose de plus obscur : « Car Dieu dit à Moïse : J'aurai pitié de qui j'ai pitié et je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde ». Puis il fortifie l'objection en la coupant par le milieu et en la résolvant, puis en soulevant une autre difficulté. Or, pour éclaircit sa pensée, il faut nécessairement l'expliquer. Dieu, dit-il, l'a déclaré avant l'enfantement : « L'aîné servira sous le plus jeune ». Quoi donc? Dieu est-il injuste ? nullement. Ecoutez la suite : dans l'exemple précédent la vertu et le vice faisaient la différence : mais dans celui-ci le péché est commun à tous les Juifs, à savoir la fabrication du veau d'or, et pourtant les uns ont été punis et les autres ne l'ont pas été; voilà pourquoi Dieu dit : « J'aurai pitié de qui j'ai pitié et je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde ». (Exode, XXXIII, 18.) Ce n'est point à vous, ô Moïse, de savoir ceux qui sont dignes de pitié; laissez-moi ce soin. Or, si cette connaissance n'appartenait point à Moïse, (324) beaucoup moins nous appartient-elle. Voilà pourquoi Paul ne se contente pas de citer simplement ces paroles, mais rappelle celui à qui elles ont été adressées : « Dieu dit à Moïse » ; pour faire rougir son contradicteur par la dignité du personnage. Après avoir donné la solution des difficultés, il coupe au court, en produisant une autre objection en ces termes: « Cela ne dépend donc ni de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Écriture dit à Pharaon : Voilà pourquoi je t'ai suscité : c'est pour faire éclater en toi ma puissance, et pour que mon nom soit annoncé par toute la terre (16,17)».

Comme là, nous dit l'apôtre, les uns furent sauvés et les autres punis; de même ici Pharaon était réservé pour le but qu'on vient de dire. Puis il ramène encore l'objection : « Donc il a pitié de qui il veut et il endurcit qui il veut. Certainement vous me direz : De quoi se plaint-il encore? Car qui résiste à sa volonté (18, 19)? » Voyez-vous comme il s'efforce de toutes manières de faire ressortir la difficulté? Et il n'en donne pas d'abord là solution, et cela fort à propos; mais il ferme d'abord la bouche à celui qui fait la question, en disant : « O homme, qui es-tu pour contester avec Dieu? »

Son but en ceci est de réprimer sa curiosité déplacée et excessive, de lui mettre le frein, de lui apprendre ce que c'est que Dieu, ce que c'est que l'homme, que la Providence est incompréhensible, qu'elle surpasse l'intelligence humaine et qu'il faut que tout lui obéisse; afin qu'après en avoir convaincu l'auditeur, et avoir contenu et calmé son esprit, il amène la solution sans difficulté et fasse accepter sa parole. Il ne dit pas que ces questions sont insolubles. Que dit-il donc? qu'il est injuste de les soulever; qu'il faut se soumettre à la parole de Dieu, ne point la scruter avec curiosité, quand même nous n'en comprendrions pas la raison. Voilà pourquoi il dit : « Qui es-tu, pour contester avec Dieu? » Voyez-vous comme il comprime, comme il abat l'orgueil? « Qui es-tu? » Partages-tu la puissance? Es-tu juge avec Dieu? En comparaison de lui, tu ne peux pas être quelque chose, ni ceci ni cela, mais rien. Cette expression : « Qui es-tu? » est bien plus humiliante que celle-ci : tu n'es rien. D'ailleurs par la forme interrogative il montre une plus grande indignation. Il ne dit pas non plus : Qui es-tu pour répondre à Dieu? mais : « Pour contester », c'est-à-dire pour contredire, pour tenir tête. Car dire : Il fallait ceci, ou il ne fallait pas cela, est le propre d'un contradicteur. Voyez-vous comme il épouvante, comme il frappe de terreur, et dispose ses auditeurs à trembler plutôt qu'à soulever des questions ou à scruter trop curieusement? C'est là le talent d'un excellent maître, de ne pas toujours céder au désir de ses disciples, mais de les amener à sa propre manière de voir, d'arracher d'abord les épines, puis de jeter sa semence, et de ne pas répondre immédiatement aux questions qu'on propose. « Le vase dit-il au potier : Pourquoi m'as-tu fait ainsi? N'a-t-il pas le pouvoir, le potier, de faire de la même massé d'argile un vase d'honneur et un autre d'ignominie? (20, 21) ».

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