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Je viens de dire la raison pour laquelle le Saint-Esprit est ici passé sous silence; dites-nous, si cela n'est pas, pourquoi, dans le baptême, on le joint au Père et au Fils? Vous n'avez pas d'autre raison à donner, si ce n'est qu'il est leur égal en honneur. Mais quand Paul n'a plus le même motif, voyez comme il joint son nom aux deux autres: « Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ et la charité de Dieu le Père et la communication du Saint-Esprit soit avec vous tous ». (II Cor. XIII, 13.) Et encore: « Il y a des grâces diverses, mais c'est le même Esprit; il y a diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur;et il y a des opérations diverses, mais c'est le même Dieu ». (I Cor. XII , 4, 5, 6.) Mais comme il s'adressait aux gentils et à d'autres plus faibles encore que les gentils, il use de réserve et passe le mot sous silence; comme font les prophètes à propos du Fils qu'ils ne nomment nulle part ouvertement, à cause de la faiblesse de ceux qui les écoutent. « Mais cette science n'est pas en tous ». Quelle science? Celle de Dieu , ou celle qui regarde les viandes immolées aux idoles? Il fait ici allusion ou aux gentils qui reconnaissaient plusieurs dieux et seigneurs et ne connaissaient pas le véritable, ou à d'autres qui, plus faibles que les grecs, ne savaient pas encore clairement que les idoles ne sont pas à craindre et qu'une idole n'est rien dans ce monde. Après avoir dit cela, il les console et les rassure peu à peu. Il n'était pas à propos de toucher à tous les points, surtout quand il avait à les attaquer encore plus vivement.
« Car même jusqu'à cette heure, quelques-uns, dans la persuasion de la réalité de l'idole, mangent des viandes comme ayant été offertes à l'idole; ainsi leur conscience, qui est faible , s'en trouve souillée ». Ils ont, dit-il, encore peur des idoles. Ne me parlez pas de l'état présent des choses, ne me dites pas que vous avez reçu de vos ancêtres la vraie religion; mais reportez votre pensée à ces temps, songez que la, prédication était récemment établie , que l'impiété dominait encore, que les autels fumaient toujours, que les sacrifices et les libations se pratiquaient encore, que les gentils étaient en majorité , qu'ils avaient reçu leur culte impie de leurs ancêtres, qu'ils descendaient de pères, d'aïeux, de bisaïeux païens, qu'ils avaient beaucoup souffert de la part des démons , qu'ils n'étaient changés que depuis peu : et figurez-vous dans quelle situation ils devaient être, comme ils devaient craindre et redouter les piéges des démons. C'est à eux que l'apôtre fait allusion, quand il dit: « Mais quelques-uns, dans la persuasion que les viandes ont été immolées aux idoles ». Il ne les indique pas ouvertement de peur de les blesser, il ne néglige cependant pas d'en parler, mais d'une manière indéfinie, en disant: « Car même jusqu'à cette heure, quelques-uns, dans la persuasion que la viande a été immolée aux idoles; la mangent comme telle ». C'est-à-dire, dans le même esprit qu'autrefois. « Et leur conscience; qui est faible, s'en trouve souillée », parce qu'elle n'a pas encore la force de mépriser les idoles et d'en rire , mais qu'elle reste dans le doute. Ils éprouvent ce qu'éprouverait quelqu'un qui , en touchant un mort, croirait se souiller à la manière des Juifs; puis voyant les autres le toucher avec une conscience pure , se souillerait néanmoins parce qu'il ne serait pas dans les mêmes dispositions. « Jusqu'à cette heure , quelques-uns dans la persuasion de la réalité de l'idole ». Ce n'est pas sans raison qu'il dit : « Jusqu'à cette heure », mais pour prouver qu'on n'a rien gagné à ne pas user de condescendance. Car ce n'était pas ainsi qu'il fallait les amener, mais d'une autre manière, par la persuasion de la parole et de l'enseignement. « Et leur (423) conscience, qui est faible, s'en trouve souilée».
Il ne parle nulle part de la nature de la chose, mais toujours et partout de la conscience de celui qui y prend part. Il craint de blesser et d'affaiblir le fort, en voulant corriger le faible. C'est pourquoi il ménage autant l'un que l'autre. Il ne veut pas qu'on croie rien de semblable, mais il s'étend longuement pour enlever jusqu'au moindre soupçon là-dessus. « Ce ne sont point les aliments qui nous recommandent à Dieu. Car si nous mangeonsnous n'aurons rien de plus; et si nous ne mangeons pas, nous n'aurons rien de moins ». Voyez-vous comme il rabat encore leur orgueil? Après avoir dit qu'ils ne sont pas seuls à avoir la science , mais que tous l'ont; que personne ne sait rien comme il faut le savoir, puis que la science enfle ; ensuite , après les avoir consolés, en disant que tous n'ont pas la science, qu'il en est qui se trouvent souillés, par suite de leur faiblesse, de peur qu'on ne dise: que nous importe si tous n'ont pas la science? pourquoi un tel ne l'a-t-il pas? pourquoi est-il faible? de peur, dis-je, qu'on ne lui fasse ces objections, il n'en vient pas immédiatement à prouver qu'il faut s'abstenir pour ne pas scandaliser le faible; mais, préludant de loin à cette idée, il en traite d'abord une plus importante. Laquelle? qu'il ne faut pas faire cela, quand même personne n'en souffrirait, quand même le prochain n'en serait pas entraîné à sa ruine; car ce serait faire une chose inutile. En effet, celui qui sait que son action est nuisible à un autre mais profitable pour lui, n'est pas très-disposé à s'en abstenir; mais il n'y a pas de peine, quand il s'aperçoit qu'il n'a aucun avantage à en retirer. Voilà pourquoi Paul dit tout d'abord : « Ce ne sont point « les aliments qui nous recommandent à Dieu ». Voyez-vous comme il réduit à rien ce qui semblait le fruit d'une science parfaite ? « Car si nous mangeons, nous n'aurons rien de plus »; c'est-à-dire, nous n'en serons pas plus agréables à Dieu, comme si nous avions fait quelque chose de bon et dé grand. « Et si nous ne mangeons pas, nous n'aurons rien de moins», c'est-à-dire, nous n'aurons rien perdu. Il prouve ainsi d'abord que c'est une chose superflue , que ce n'est rien: car ce qui ne sert à rien quand on le fait, et ne nuit pas quand on l'omet, est évidemment superflu.
