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Il met un grand soin à prouver qu'il n'est pas défendu de recevoir. Non content de tout ce qu'il a déjà dit plus haut, il aborde maintenant la loi, pour offrir une démonstration plus concluante que la première. Car ce n'est pas la même chose de tirer une analogie des boeufs, ou de présenter une loi positive concernant les prêtres. Et voyez encore ici la prudence de Paul, et avec quelle dignité il traite son sujet ! Il ne dit pas : Ceux qui exercent les fonctions saintes reçoivent des offrandes. Que dit-il donc? «Vivent du sanctuaire » ; afin que ceux qui reçoivent n'en soient point blâmés, et que ceux qui donnent ne s'en glorifient pas. De là ce qui suit. Car il ne dit pas ensuite : Ceux qui assistent à l'autel reçoivent de ceux qui livrent la victime, mais : « Ont part à l'autel ». En effet, les victimes une fois offertes n'appartenaient plus à ceux qui les avaient offertes, mais au sanctuaire et à l'autel. Il ne dit pas non plus : Reçoivent les choses consacrées, mais : « Vivent du sanctuaire », en quoi il donne une nouvelle leçon de modération, et montre qu'il ne faut pas recueillir d'argent ni s'enrichir. Et s'il dit : « Ont part à l'autel », il n'entend point parler de distribution à part égale, mais donner une consolation à qui de droit. Pourtant la condition des apôtres était bien plus élevée. Dans l'ancienne loi, le sacerdoce était un honneur; ici, ce sont des périls, des égorgements, des meurtres. Aussi tous les autres exemples sont-ils bien au-dessous de ces paroles : « Si nous avons semé en vous des biens spirituels ».
Et par ce mot : « Nous avons semé », il entend les orages, les dangers, les embûches, les maux sans nombre qu'enduraient les prédicateurs de l'Evangile. Cependant malgré la supériorité de sa condition, il n'entend point déprimer l'ancienne loi, ni s'exalter lui-même ; mais il s'efface lui-même , et puise, non dans les périls, mais dans la grandeur du don, la raison de cette prééminence. Car il ne dit pas : Si nous avons couru des dangers, si on nous a tendu des embûches; mais : « Si nous avons semé en vous des biens spirituels », et il relève, autant que possible, la condition des prêtres en disant . « Ceux qui exercent les fonctions saintes, et ceux qui assistent à l'autel » ; voulant rappeler leur servitude perpétuelle et leur persévérance. Après avoir parlé des prêtres juifs, des lévites et des pontifes, il indique ensuite les deux rangs, les inférieurs et les supérieurs, quand il dit, en parlant des uns : « Ceux qui exercent les fonctions saintes », et des autres : « Ceux qui assistent à l'autel ». Car tous ne remplissaient point le même office ; aux uns les services plus vulgaires, (436) aux autres les fonctions plus relevées. Puis, les enveloppant tous ensemble, pour qu'on ne dise pas : A quoi bon rappeler l'Ancien Testament? Ne savez-vous pas que nous avons une loi plus parfaite? Il pose quelque chose de plus fort que tout le reste, en disant : « Ainsi le Seigneur a prescrit lui-même à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de l’Evangile ». Il ne dit point : D'être nourris par les hommes; mais comme pour les prêtres de l'ancienne loi, il a dit : « Du sanctuaire « et de l'autel » ; de même ici il dit : « De « l’Evangile » ; et comme là il s'est servi du mot « manger », il se sert ici du mot « vivre»; mais non trafiquer et thésauriser. « Car l'ouvrier mérite son salaire ». (Matth. X, 10.) « Pour moi, je n'ai usé d'aucun de ces droits». —Eh quoi ! dira-t-on, si vous n'en avez pas usé jusqu'à présent, vous voulez en user à l'avenir, et c'est pour cela que vous en parlez. — A Dieu ne plaise ! Car aussitôt il apporte le correctif, en disant : « Mais je n'écris pas ceci pour qu'on en use ainsi avec moi ».
Et voyez avec quelle force il refuse et repousse ce droit ! « Car j'aimerais mieux mourir que de laisser quelqu'un m'enlever cette gloire ». Et ce n'est pas une fois ou deux qu'il emploie cette expression, mais souvent. Il avait déjà dit plus haut : « Nous n'avons pas usé de ce pouvoir » ; et y revenant encore plus bas, il dit : « Pour ne pas abuser de mon pouvoir »; et ici: «Je n'ai usé d'aucun de ces droits ». De quels droits? De ceux indiqués par les exemples cités : le soldat, le laboureur, le berger, les apôtres, la loi, ce que j'ai fait chez vous, ce que vous faites chez les autres, les prêtres, les commandements du Christ; tout cela prouvait mon droit, et rien de cela n'a pu me déterminer à violer la loi que je me suis imposée de ne rien recevoir. Et ne me parlez pas du passé; sans doute je pourrais dire que j'en ai beaucoup souffert, mais ce n'est pas là-dessus seulement que je m'appuie; je m'engage pour l'avenir, et j'aime mieux mourir de faim que d'être privé de cette couronne. « J'aimerais mieux mourir de faim que de laisser quelqu'un m'enlever cette gloire». Il ne dit pas : Que de laisser quelqu'un m'enlever ma loi, mais : « ma gloire ». Et pour qu'on ne dise pas qu'il fait cela sans plaisir, mais avec tristesse et chagrin, il l'appelle sa gloire, voulant montrer par là l'abondance de sa joie et sa grande allégresse. Tant s'en faut qu'il s'en attriste, qu'au contraire il s'en glorifie, et qu'il aime mieux mourir que de se priver de cette gloire. Ainsi la vie même lui était moins chère que cette situation.
