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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad hebraeos argumentum et homiliae 1-34 Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
HOMÉLIE XX.

3.

Saint Paul, dites-moi, n'a-t-il pas eu raison d'appeler l'avarice une idolâtrie? L'honneur, en effet, que les païens rendent à leurs idoles, ces malheureux le rendent à leurs tissus, à leurs bijoux d'or. Jusques à quand remuerons-nous cette fange? Jusques à quand serons-nous attachés à la boue et aux briques? Comme les enfants d'Israël travaillaient pour le roi d'Egypte, ainsi travaillons-nous pour le démon, qui nous maltraite plus cruellement encore que Pharaon les Hébreux. Ne voyez pas ici une hyperbole. Car plus l'âme l'emporte sur le corps, plus il est triste et pénible de la voir maltraiter par l'avarice qui sans cesse la flagelle, l'inquiète, la tourmente.

Gémissons donc et élevons vers Dieu nos regards suppliants! Il nous enverra non pas Moïse, non pas Aaron, mais sa parole, et une componction salutaire. Dès que cette parole sera venue et aura pénétré nos coeurs ; elle nous délivrera d'une cruelle servitude, et nous fera sortir de cette autre Egypte, de cette passion inutile et vainement laborieuse, de cet esclavage sans profit. Au moins les Israélites, sortant d'exil, reçurent de l'or, juste salaire de leurs travaux; mais nous autres, nous sortirons les mains vides, et encore serions-nous heureux si nous n'emportions rien; mais nous emportons avec nous, non les vases d'or et d'argent de l’Egypte, mais ses maux, ses péchés et les supplices dont Dieu les punit.

Apprenons donc à recueillir un vrai profit; apprenons à bien souffrir une injustice : c'est le caractère du chrétien. Méprisons les vêtements d'or, méprisons les richesses, de peur de mépriser notre salut. Méprisons l'argent, oui, et non point notre âme. A elle, en effet, le châtiment; à elle, le supplice un jour. Ces prétendus biens restent sur la terre; notre âme s'en ira ailleurs.

Pourquoi, dites-moi, vous déchirer vous-mêmes et ne pas le sentir? Je parle ici à ces avares, qui sont travaillés du désir de posséder toujours davantage. Mais il est bon de le dire aussi à ceux que les avares exploitent et volent. Supportez, chères victimes, les dommages que les avares vous font subir. Ils se suicident, et ne sauraient vous tuer. Ils vous privent de votre argent; mais ils se privent eux-mêmes de l'amour et du secours de Dieu. Or, dépouillé de cette grâce, possédât-on les richesses du monde entier, on est le plus pauvre de la terre; tandis que le plus pauvre des hommes, s'il jouit de la grâce de Dieu, est certainement le plus riche de tous, puisqu'il peut dire avec le Prophète: « Le Seigneur me conduit, rien ne me manquera jamais ». (Ps. XXII, 1.)

Si vous aviez, dites-moi, un protecteur haut placé et admirable qui vous aimât extrêmement, qui vous portât intérêt; et si d'ailleurs vous saviez qu'il vivra toujours, que vous ne mourrez pas vous-même avant lui, et qu'il vous fera part de tout ce qu'il a, pour en jouir en toute sûreté comme d'un bien qui vous sera propre et personnel , dès lors vous mettriez-vous en peine de rien acquérir? En vous supposant même dépouillé de tout, ne vous croiriez-vous pas plus riche que personne? Pourquoi donc pleurez-vous? — De n'avoir pas d'argent? Mais pensez que, par là même, l'occasion de pécher vous est ôtée. — D'avoir perdu vos biens? Mais vous avez gagné l'amitié de Dieu. — Et comment l'ai-je gagnée, dites-vous? C'est lui-même qui vous dit : « Pourquoi ne souffrez-vous pas l'injustice » plutôt que de la commettre? Et :« Rendez grâces au ciel de toutes choses » ; et « Bienheureux les pauvres de bon gré! » (I Cor. VI, 7; I Thess. V, 18; Matth. V, 3.) Imaginez donc à quelle hauteur vous êtes dans son amitié, si vous mettez ces conseils en pratique.

En effet,on ne nous demande qu'une chose: c'est de remercier Dieu en tout et toujours; dès lors, nous aurons tout en abondance. Par exemple, avez-vous perdu dix mille livres d'or? Remerciez Dieu tout aussitôt et vous avez gagné cent mille livres par cette parole d'abnégation et de reconnaissance. Car, dites-moi : à quel moment appelez-vous Job bienheureux? Est-ce quand il est propriétaire de tant de chameaux, de tant de gros et menu bétail? N'est-ce pas plutôt quand il fait entendre cette parole ? « Le Seigneur m'a donné, le Seigneur m'a ôté, son nom soit béni! » (Job, I, 21.) Quand le démon nous veut perdre, ce n'est pas en nous enlevant les richesses, il sait qu'elles ne sont rien ; mais il veut par cette ruine nous forcer à prononcer quelque blasphème. Ainsi agissait-il à l'égard du bienheureux Job; son but unique n'était pas de le réduire à la pauvreté, mais de lui arracher un blasphème. Voyez plutôt quel langage il lui tient par l'épouse même du patriarche. Dès que celui-ci est dépouillé de tout : « Prononcez », lui dit-elle, « une parole contre Dieu, et puis mourez ». — Mais, maudit Satan, tu l'as déjà dépouillé de tout! — Je n'ai pas ainsi atteint mon but. J'ai tout fait pour arriver et je n'ai pu parvenir à le priver aussi du secours de Dieu. Voilà ce que je veux; ce que j'ai fait d'ailleurs n'est rien. Si je n'atteins pas mon but ultérieur, non-seulement Job n'aura subi aucun mal, mais son épreuve lui aura servi.

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