4.
J’ai fini de parler de Typhon, et je pouvais m’exprimer sans crainte; car dans une nature terrestre est-il rien de sacré, rien qui exige un religieux silence? Mais l’histoire d’Osiris se rapporte à des mystères augustes et sacrés: les raconter c’est s’exposer à commettre une profanation. Sa naissance, son enfance, sa première éducation, les leçons qu’il reçut, les fonctions qu’il exerça, son élévation à la royauté que lui décernèrent les suffrages des dieux et des hommes les plus vénérables, son règne, le complot formé contre sa personne, la conjuration d’abord triomphante, mais plus tard vaincue, voilà le récit que toutes les oreilles peuvent entendre, et dont j’ai été le narrateur. Ajoutons que, toujours heureux, Osiris sut tirer profit de son exil même; car il consacra tout ce temps à s’initier complètement aux choses divines, à en acquérir la pleine vision : délivré des soucis du gouvernement, il put se donner tout entier à la contemplation. Disons aussi que son retour fut une fête : les Égyptiens, avec des couronnes sur la tête, s’unissaient aux dieux pour ramener l’exilé; de tous les lieux d’alentour on accourait pour lui faire cortège; c’étaient des réjouissances de nuit, des processions aux flambeaux. Puis Osiris distribua les magistratures, donna son nom à l’année; épargnant une seconde fois son indigne frère, il parvint, par ses prières, à calmer la colère du peuple, et à obtenir des dieux qu’ils feraient à Typhon grâce de la vie; en cela il fit preuve de mansuétude plutôt que de justice.