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Œuvres Tertullien (160-220) De corona militis De la couronne du soldat

VII.

Conséquemment que ces porteurs de couronnes |137 reconnaissent l'autorité de la nature, à titre de sagesse commune à tous, puisqu'ils sont hommes; mais qu'ils reconnaissent aussi les gages de leur propre religion, puisqu'ils adorent de plus près le Dieu de la nature: et ainsi qu'ils examinent, comme par surcroît, toutes les autres raisons qui interdisent à notre tête les couronnes particulières, ou de quelque nature qu'elles soient. Car nous avons hâte de passer de la communauté de la discipline naturelle à la spécialité de la discipline chrétienne pour la défendre dans toute son intégrité; nous parlerons donc des autres espèces de couronnes qui paraissent affectées à d'autres usages, comme étant formées d'une autre matière, de peur que, ne se composant pas de fleurs dont la nature a marqué l'usage (ainsi que cette couronne de laurier donnée au soldat), on ne croie qu'elles échappent aux prohibitions d'une secte, par là même qu'elles sont en dehors des prescriptions de la nature. Je m'aperçois donc qu'il faut traiter avec détails et au long cette matière, depuis son origine jusqu'à son progrès et sa fin. Les lettres humaines me sont donc nécessaires pour cette investigation: il faut convaincre le monde avec ses propres instruments.

Le peu que j'ai touché suffira, j'imagine. S'il exista jamais quelque Pandore, qui fut la première femme, au témoignage d'Hésiode, elle a été la première tête couronnée par les grâces, lorsque chacune la dota: de là son nom de Pandore. Chez nous, au contraire, Moïse, pâtre prophétique et, non poétique, nous représente Eve, la première femme, couvrant sa nudité de feuilles plutôt que son front de fleurs. De Pandore, il n'en exista donc jamais, Mais il faut rougir de l'origine de la couronne: elle est née du mensonge. Pénétrons maintenant dans la vérité de son origine. Il est constant que les Grecs l'ont inventée ou embellie. Suivant Phérécide, Saturne a été le premier qui ait été couronné. Diodore rapporte que Jupiter fut couronné après sa victoire sur les Géants; le même poète |138 donne un bandeau à Priape; à Ariane, un diadème d'or et de perles orientales, ouvrage de Vulcain, présent de Bacchus et depuis radieuse constellation. Callimaque environne Junon de pampres; voilà pourquoi sa statue, entourée de feuilles de vignes à Argos, et foulant aux pieds une peau de lion, montre cette marâtre étalant avec orgueil les dépouilles triomphales de ses deux beaux-fils. Hercule couronne son front, tantôt de peuplier, tantôt d'olivier sauvage, tantôt d'ache. Tu as la tragédie de Cerbère; tu as Pindare; tu as Callimaque, qui raconte qu'Apollon, après avoir immolé le serpent de Delphes, prit la couronne de laurier pendant qu'il sacrifiait, car quiconque sacrifiait aux dieux chez les anciens, prenait la couronne. Harpocration explique pourquoi Bacchus, l'Osiris des Egyptiens, adopta le lierre: la propriété du lierre, dit-il, est de préserver contre la pesanteur du cerveau. Le vulgaire lui-même, quand il appelle du nom de Grande couronne les jours solennels consacrés à Bacchus, témoigne assez que ce dieu est le premier qui introduisit l'usage de la couronne de laurier avec laquelle il triompha des Indes. Si tu parcours les écrits de Léon l'Egyptien, tu y verras qu'Isis la première environna sa tête d'une guirlande d'épis, ce qui était plutôt le fait du ventre. Qui veut en savoir davantage, peut interroger Claudius Saturninus, écrivain fort habile en cette matière. Nous avons de lui un livre intitulé, Des couronnes, où il en expose si savamment l'origine, les causes, les espèces et les solennités différentes, qu'on ne peut trouver si agréable rameau, si joyeuse fleur, si riant feuillage qui ne soit consacré à quelque tête.

Que ces détails nous suffisent pour nous apprendre à quel point nous devons repousser l'usage des couronnes, puisqu'il a été introduit par ceux et ensuite affecté à l'honneur de ceux que le monde regarde comme des dieux. En effet, si le démon, qui est menteur dès l'origine, établit aussi bien de ce côté que d'autre part le mensonge de sa |139 divinité, il n'en faut point douter, c'est lui qui avait avisé d'avance aux hommes dans la personne desquels il établît le mensonge de sa divinité. Que doivent donc penser les serviteurs du Dieu véritable d'une chose qui a été introduite par les premiers disciples du démon, qui, dès le commencement, a été consacrée à ces mêmes disciples; d'une chose qui déjà dans ce moment était dédiée à l'idolâtrie par des idoles, et des idoles encore vivantes; « non pas que l'idole soit quelque chose, mais parce que les hommages rendus aux idoles se rapportent au démon? » Or, s'il est vrai que les hommages rendus aux idoles se rapportent au démon, à plus forte raison ceux que les idoles se rendaient à elles-mêmes, pendant qu'elles vivaient encore. Ce sont donc les démons qui se les sont procurés dans la personne de ceux dans lesquels ils les ont ardemment convoités avant de se les procurer.

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