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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Retractationes

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Retractationes (PL)

2.

Sed in eisdem tribus libris meis, non mihi placet toties me appellasse Fortunam 1; quamvis non aliquam deam voluerim hoc nomine intelligi, sed fortuitum rerum eventum, vel in corporis nostri, vel in externis bonis aut malis. Unde et illa verba sunt, quae nulla religio dicere prohibet, Forte, forsan, forsitan, fortasse, fortuito: quod tamen totum ad divinam revocandum est providentiam. Hoc etiam ibi non tacui, dicens: Etenim fortasse, quae vulgo fortuna nominatur, occulto quodam ordine regitur; nihilque aliud in rebus casum vocamus, nisi cujus ratio et causa secreta est. Dixi quidem hoc, verumtamen poenitet me sic illic nominasse fortunam, cum videam homines habere in pessima consuetudine, ubi dici debet, Hoc Deus voluit, dicere, Hoc voluit fortuna. Quod autem quodam loco dixi, Ita comparatum est, sive pro meritis nostris, sive pro necessitate naturae, ut divinum animum mortalibus inhaerentem nequaquam philosophiae portus accipiat, etc. 2, aut nihil horum duorum dicendum fuit, quia etiam sic sensus posset esse integer; aut satis erat dicere, pro meritis nostris, sicut verum est ex Adam tracta miseria; nec addere, sive pro necessitate naturae, quandoquidem naturae nostrae dura necessitas merito praecedentis iniquitatis exorta est. Itemque illic quod dixi, Nihil omnino colendum esse, totumque abjiciendum quidquid mortalibus oculis cernitur, quidquid ullus sensus [Col. 0586] attingit 3; addenda erant verba, ut diceretur quidquid mortalis corporis ullus sensus attingit: est enim sensus et mentis. Sed eorum more tunc loquebar, qui sensum non nisi corporis dicunt, et sensibilia non nisi corporalia. Itaque ubicumque sic locutus sum, parum est ambiguitas evitata, nisi apud eos quorum consuetudo est locutionis hujus. Item dixi: Quid censes aliud esse beate vivere, nisi secundum id quod in homine optimum est, vivere? Et quid dixerim, in homine esse optimum, paulo post explicans: Quis, inquam, dubitaverit, nihil esse aliud hominis optimum, quam eam partem animi, cui dominanti obtemperare convenit caetera quaeque in homine sunt? Haec autem, ne aliam postules definitionem, mens aut ratio dici potest 4. Hoc quidem verum est; nam quantum attinet ad hominis naturam, nihil est in eo melius quam mens et ratio: sed non secundum ipsam debet vivere, qui beate vult vivere, alioquin secundum hominem vivit, cum secundum Deum vivendum sit, ut possit ad beatitudinem pervenire; propter quam consequendam non seipsa debet esse contenta, sed Deo mens nostra subdenda est. Item respondens ei, cum quo disputabatur: Hic plane, inquam, non erras; quod ut tibi omen sit ad reliqua, libenter optaverim 5. Hoc licet non serio, sed joco dictum sit, nollem tamen eo verbo uti. Omen quippme legisse non recolo, sive in sacris Litteris nostris, sive in sermone cujusquam ecclesiastici disputatoris: quamvis abominatio inde sit dicta, quae in divinis Libris assidue reperitur.


  1. Lib. 1, c. 1, n. 1 et 7  ↩

  2. Ibid.  ↩

  3. Ibid., n. 3  ↩

  4. Ibid., c. 2, n. 5  ↩

  5. Ibid., c. 4, n. 11 ↩

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Le Rétractations

2.

Mais dans ces trois livres, je regrette d’avoir si souvent nommé la Fortune 1 ; non pas sans doute que j’aie voulu par ce nom entendre quelque divinité, mais seulement le cours fortuit des événements se manifestant dans les biens et les maux, soit au dedans, soit au dehors de nous. De là en effet viennent ces mots : «par hasard, peut-être, accidentellement, d’aventure, fortuitement; » mots dont nulle religion ne défend de se servir, mais qui tous doivent se rapporter à la Providence divine. Je ne m’en suis pas tu, du reste, puisque j’ai dit:

« Peut-être ce que nous appelons vulgairement la fortune est-il le gouvernement d’un ordre caché, et ce que nous nommons le hasard n’est-il autre chose que l’effet d’une cause secrète et d’une raison inconnue. » Je l’ai dit; et pourtant je me repens d’avoir employé là le mot de fortune, quand je vois des hommes assujettis à la fâcheuse habitude de dire au lieu de : « Dieu l’a voulu, » « la fortune l’a voulu. » En cet autre passage : « Il a été établi soit par nos mérites, soit par une nécessité de nature, qu’une âme de création divine, mais attachée aux choses mortelles, ne pourrait jamais arriver au port de la philosophie 2; » je devais ou ne rien dire de l’une et de l’autre de ces deux alternatives, parce que sans cela le sens pouvait être complet; ou bien me borner à dire: « par nos mérites, » ce qui est vrai de la misère qu’Adam nous a léguée; et il ne fallait pas ajouter : « soit par une nécessité de nature, » puisque cette dure nécessité de notre nature vient à bon droit de l’iniquité antérieure et originelle. De même aussi dans cette phrase : « Il ne faut rendre aucun culte, il faut au contraire renoncer absolument à tout ce qui se voit par les regards mortels, à tout ce qui s’atteint par les sens 3, » j’aurais dû ajouter: « tout ce qui s’atteint par les sens de ce corps mortel; » car il y a aussi un sens intérieur et spirituel. Mais je parlais alors à la manière de ceux qui n’appliquent le mot sens qu’au corps et qui ne jugent sensibles que les choses corporelles. Aussi partout où je me suis exprimé ainsi, l’équivoque n’a pas été assez évitée, excepté pour ceux qui sont habitués à cette locution. Ailleurs j’ai dit: « Ne pensez-vous pas que vivre heureusement, ce n’est rien autre que de vivre selon ce qu’il y a de meilleur dans l’homme? » Et voulant expliquer ces paroles : « ce qu’il y à de meilleur dans l’homme, » j’ai ajouté un peu plus loin : « Qui pourrait douter qu’il n’y a rien de meilleur dans l’homme que cette partie de son âme à la domination de laquelle il convient que tout ce qui est dans l’homme obéisse? Or, cette partie, afin que vous n’en demandiez pas une autre définition, c’est l’esprit, la raison 4. » Cela est vrai, car de tout ce qui appartient à la nature humaine, rien n’est meilleur en elle que la raison et l’esprit. Mais quiconque veut vivre heureusement, ne doit pas vivre seulement selon la raison; car il vivrait selon l’homme, tandis que, pour pouvoir atteindre à la béatitude, c’est selon Dieu qu’il doit vivre. Pour arriver à cette béatitude, notre âme ne se doit pas contenter d’elle-même, elle se doit soumettre à Dieu. Répondant ensuite à mon interlocuteur, je lui disais: « Vous ne vous trompez pas absolument ici; que ce soit d’un heureux présage pour la suite, je vous le souhaite volontiers 5. » Quoique je me sois servi de ce terme, non pas sérieusement, mais en jouant, je ne voudrais pas en user. Car je ne sache pas avoir lu le mot de présage (omen) dans nos saintes Ecritures ni dans les oeuvres d’aucun auteur ecclésiastique; cependant c’est de là que vient le mot d’abomination qui se rencontre souvent dans les saintes Lettres.


  1. Liv. I, C. I, n. 1 et 7. ↩

  2. Ibid.  ↩

  3. Ibid. n. 3. ↩

  4. Liv. I, C. II, n. 5. ↩

  5. Ibid. C. IV, n. 11. ↩

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