2.
De même, examinant ce qu’a choisi Dieu dans l’enfant qui n’était pas encore né, et à qui il a dit que son allié serait son serviteur; examinant aussi ce que Dieu a repoussé dans cet enfant qui n’était pas encore né et qui devait être l’aîné, je remarque que c’est à eux que s’applique la parole prophétique, bien que proférée longtemps après : « J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü 1,» et je poursuis ainsi mon raisonnement : « Dieu ne choisit donc pas les oeuvres de chacun par sa prescience des oeuvres qu’il donnera à chacun d’opérer; mais il choisit la foi par sa prescience, en choisissant pour lui donner l’Esprit Saint, celui qu’il sait devoir croire en lui, afin qu’il obtienne la vie éternelle en faisant le bien 2. » Je n’avais pas alors recherché avec assez de soin, ni trouvé exactement ce qu’est l’élection de la grâce. L’Apôtre dit à ce sujet: « Ceux qui étaient de reste ont été sauvés par l’élection de la grâce 3. » Elle ne serait pas grâce s’il y avait des mérites qui la précédassent; sans quoi ce qui serait donné, serait moins donné comme une grâce que rendu aux mérites comme une dette. D’où il suit que ce que j’ai dit aussitôt après : « L’Apôtre remarque en effet que c’est le même Dieu qui opère tout en tous 4 ; mais il n’est dit nulle part : « Dieu croit tout en tous; » et ce que j’ai ajouté : « Si nous croyons, c’est notre oeuvre, mais ce que nous faisons de bon vient de Celui qui donne l’Esprit-Saint aux croyants 5;» je ne l’eusse pas dit, si j’avais su que la foi elle-même est comptée au nombre des dons de Dieu, lesquels sont faits par le même Esprit. L’un et l’autre nous appartient à cause du libre arbitre de notre volonté; et cependant l’un et l’autre nous est donné par l’Esprit de foi et de charité. La charité en effet n’est pas seule, mais, comme il est écrit : « La charité avec la foi vient de Dieu le Père, et de Notre-Seigneur Jésus-Christ 6 »