Edition
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Confessiones (PL)
CAPUT IV. Deus non eget rebus conditis.
5. Quid ergo tibi deesset ad bonum quod tu tibi es, etiamsi ista vel omnino nulla essent, vel informia remanerent, quae non ex indigentia fecisti, sed ex plenitudine bonitatis tuae, cohibens atque convertens ad formam, non ut tanquam tuum gaudium compleatur ex eis? Perfecto enim tibi displicet eorum imperfectio, ut ex te perficiantur et tibi placeant; non autem imperfecto, tanquam et tu eorum perfectione perficiendus sis. Spiritus enim tuus bonus superferebatur super aquas 1; non ferebatur ab eis tanquam in eis requiesceret. In quibus enim requiescere dicitur Spiritus tuus bonus 2, hos in se requiescere facit. Sed superferebatur incorruptibilis et incommutabilis voluntas tua, ipsa in se sibi sufficiens, super eam quam feceras vitam; cui non est hoc vivere quod beata vivere, quia vivit etiam fluitans in obscuritate sua; cui [Col. 0847] restat converti ad eum a quo facta est, et magis magisque vivere apud fontem vitae, et in lumine ejus videre lumen 3, et perfici, et illustrari, et beari.
Traduction
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Les confessions de Saint Augustin
CHAPITRE IV. DIEU N’AVAIT PAS BESOIN DES CRÉATURES.
5. Que manquerait-il donc à votre félicité, félicité qui est vous-même, quand toutes ces créatures demeureraient encore dans le néant ou l’informité? Aviez-vous besoin d’elles? et n’est-ce point par la plénitude de votre bonté que vous les avez faites? Et votre joie était-elle intéressée au complément de leur être? Loin que vous soyez imparfait, pour attendre votre perfection de la leur , parfait comme vous l’êtes, leur imperfection vous déplaît, et vous les perfectionnez pour qu’elles vous plaisent. Car votre Esprit-Saint était porté au-dessus des eaux ( Gen. 1, 2), et non par les eaux, comme s’il se fût reposé sur elles, lui qui fait reposer en soi ceux en qui l’on dit « qu’il repose (Is. XI, 2) » Mais c’est votre volonté incorruptible, immuable, se suffisant à elle-même, qui était portée au-dessus de cette vie, votre création, en qui la vie et la béatitude ne sont pas même chose, puisqu’elle ne laisse pas de vivre dans la fluctuation de ses ténèbres, et qu’il lui faut se tourner vers son auteur, puiser de plus en plus la vie à la source de la vie, voir la lumière dans sa lumière (Ps. XXXV, 10), et en recevoir perfection, gloire, béatitude.