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Les Soliloques
33.
L. R. Qu'est-il donc besoin de parler encore de la science de l'argumentation? En effet, que les figures 'géométriques soient dans la vérité ou que la vérité soit en elles, personne ne doute que notre âme, c'est-à-dire notre intelligence, ne le conçoive : la vérité est donc aussi dans notre intelligence. Or, si chaque science est dans notre âme comme dans un sujet dont elle est inséparable, et si, d'un autre côté, la vérité ne peut périr, comment pouvons-nous, je te le demande, douter de la vie immortelle de l'âme, quoique trompés par je ne sais quelle familiarité avec l'idée de la mort? Est-ce que cette ligne, ou ce carré, ou ce cercle ont besoin d'imiter quelque autre chose pour être vrais? — A. Je ne puis le penser, car il faudrait supposer que la ligne soit autre chose qu'une longueur sans largeur, et le cercle autre chose qu'une ligne courbe dont tous les points sont également éloignés du centre. — L. R. Pourquoi donc hésiter? Là, où ces connaissances existent, la vérité n'existe-t-elle pas? — A. Que Dieu m'éloigne de croire une pareille folie. — L. R. La science n'est-elle pas dans l'âme? — A. Qui oserait le nier?— L. R. Mais, le sujet périssant, ce qui est dans le sujet peut-il exister? — A. Qui pourrait me le persuader? — L. R. Il reste à supposer que la vérité peut périr? — A. Comment cela serait-il possible? — L. R. L'âme est donc immortelle crois-en, enfin, tes propres arguments, crois en la vérité. Elle crie qu'elle est en toi et qu'elle est immortelle, et que la mort du corps ne peut la chasser de son siège. Ne te laisse plus séduire par ton ombre, rentre en toi-même, tu n'as plus d'autre mort à redouter que d'oublier que tu ne peux mourir. — A. Je t'entends, je rentre en moi-même, je commence à me recueillir ; mais je te prie de m'expliquer ce qui reste encore à éclaircir, comment la science et la vérité peuvent exister dans l'âme d'un ignorant, que nous ne pouvons considérer comme mortelle? — L. R. Cette question fournirait la matière d'un autre traité si tu voulais l'examiner avec exactitude. Je pense qu'il vaut mieux pour toi repasser sur les points que nous venons d'éclaircir le mieux que nous avons pu. S'il ne reste plus aucun doute sur toutes les propositions accordées, je crois que notre travail a été fort utile et que nous pouvons nous livrer avec une grande sécurité à des recherches ultérieures.
Edition
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Soliloquia (PL)
33.
R. Quid ergo jam opus est ut de disciplina disputationis requiramus? Sive enim figurae geometricae in veritate, sive in eis veritas sit, anima nostra, id est intelligentia nostra, contineri nemo ambigit, ac per hoc in nostro animo etiam veritas esse cogitur. Quod si quaelibet disciplina ita est in animo, ut in subjecto inseparabiliter, nec interire veritas potest; quid, quaeso, de animi perpetua vita, nescio qua mortis familiaritate dubitamus? An illa linea vel quadratura vel rotunditas habent alia quae imitentur ut vera sint? A. Nullo modo id possum credere, nisi forte aliud sit linea quam longitudo sine latitudine, et aliud circulus quam linea circumducta undique ad medium aequaliter vergens. R. Quid ergo cunctamur? An ubi ista sunt, veritas non est? A. Avertat Deus amentiam. R. An disciplina non est in animo? A. Quis hoc dixerit? R. Sed forte potest, intereunte subjecto, id quod in subjecto est permanere? A. Quando mihi hoc persuadetur? R. Restat ut occidat veritas. A. Unde fieri potest? R. Immortalis est igitur anima: jamjam crede rationibus tuis, crede veritati; clamat et in te esse habitare, et immortalem esse, nec sibi suam sedem quacumque corporis morte posse subduci. Avertere ab umbra tua, revertere in te; nullus est interitus tuus, nisi oblitum te [Col. 0902] sese quod interire non possis. A. Audio, resipisco, recolere incipio. Sed, quaeso, illa quae restant expediasquomodo in animo imperito, non enim eum mortalem dicere possumus, disciplina et veritas esse intelligantur. R. Aliud ista quaestio volumen desiderat, si eam vis tractari diligenter: simul et illa quae, ut potuimus, investigata sunt, recensenda tibi esse video; quia si nihil eorum quae concessa sunt dubium est, multum nos egisse arbitror, nec cum parva securitate caetera quaerere.