Traduction
Masquer
Traité de la musique
17.
Le M. Renouvelle donc ton attention et dis-moi si, parmi les nombres, il y en a d'éternels ou s'ils disparaissent tous et s'évanouissent avec leurs temps ? — L’E. Les nombres de jugement seuls, à mon sens, sont éternels quant aux autres, ils s'évanouissent aussitôt qu'ils paraissent, ou ils s'effacent de la mémoire et périssent dans l'oubli. — Le M. Ainsi tu es également convaincu et de l'éternité des premiers et de l'existence fugitive de tous les autres : mais ne faut-il pas examiner avec plus d'attention si les nombres de jugement sont vraiment éternels? — L’E. Examinons donc cette question. — Le M. Réponds-moi : Quand je mets plus ou moins de temps à débiter un vers, sans toutefois violer la règle des temps qui unit tous les pieds dans le même rapport de 1 à 21, y a-t-il là une illusion dont ton oreille soit dupe? — L’E. Pas le moins du monde. — Le M. Et le son que rendent ces syllabes plus brèves et pour ainsi dire plus fugitives, peut-il se prolonger au delà du temps où il se fait entendre? — L’E. Evidemment non. — Le M. Or, si les nombres de jugement étaient assujettis, par le lien du temps , aux mêmes intervalles que les nombres sonores, pourraient-ils servir à apprécier, à juger ces nombres sonores, qui, quoique débités plus lentement, n'en sont pas moins soumis à la règle du vers iambique? — L’E. Aucunement. — Le M. Ainsi donc, les nombres supérieurs qui servent à juger les autres, ne sont pas enchaînés dans des intervalles plus ou moins longs de temps? — L’E. C'est tout à fait probable.
-
Le vers est par conséquent iambique U¯. ↩
Edition
Masquer
De musica (PL)
17.
M. Attende igitur deinceps, et dic mihi, quinam istorum immortales tibi videantur, an omnes suis temporibus labi atque occidere existimes. D. Judiciales solos immortales puto; caeteros video vel transire cum fiunt, vel de memoria oblivione deleri. M. Tam certus es de istorum immortalitate, quam de interitu caeterorum; an diligentius, utrum vere hi immortales sint, oportet quaerere? D. Quaeramus sane. M. Dic ergo, cum aliquanto correptius sive productius, dum serviam temporum legi qua simplo ad duplum pedes conveniunt, versum pronuntio, num offendo ulla fraude judicium sensus tui? D. Non omnino. M. Quid? sonus ille qui correptioribus et quasi fugacioribus syllabis editur, num potest plus temporis occupare quam sonat? D. Qui potest? M. Judiciales ergo illi numeri si vinculo temporis in tanto spatio tenerentur, quanto isti sonantes digesti sunt; possentne ad eorum sonantium qui paulo productius eadem iambica lege funduntur, aspirare judicium? D. Nullo modo. M. Igitur apparet hos mora temporum, qui judicando praesident, non teneri. D. Prorsus apparet.