Traduction
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Traité de la musique
25.
Le M. Il n'y a pas d'autre observation à faire dans le cas qui occupe. Mais à ce titre, l’amphibraque, que nous avons banni de toute combinaison de ce genre, ne serait-il pas susceptible de s'unir au spondée, au dactyle, à l'anapeste, ou de former, en s'alliant à lui-même, une combinaison musicale? En effet on pourrait, d'après ce système, décomposer la longue du milieu: grâce à ce partage, chaque fraction de pied aura un nombre de temps proportionné : le rapport, dans le levé et le posé ne sera plus de 1 à 3, mais de 2 à 2. Vois-tu quelque difficulté ? — L’E. Aucune, et il me semble que ce pied doit être admis avec les autres. — Le M. Formons donc un assemblage de pieds de quatre temps, en y introduisant l'amphibraque; battons la mesure et vérifions, d'après l'oreille, s'il ne s'y rencontre pas une inégalité choquante. Sois attentif à cette combinaison : je vais répéter trois fois, en battant la mesure, afin que tu puisses t'en rendre compte aisément :
Sumas optima, facias honesta.
Sumas optima, facias honesta.
Sumas optima, facias honesta1.
L’E. Ah ! je t'en conjure, cesse de me déchirer les oreilles. Même sans qu'on batte la mesure, on sent que la marche de ces pieds est brusquement interrompue par cet amphibraque discordant. — Le M. Pourquoi donc ne peut-on appliquer à ce pied la même règle qu'au molosse et aux ioniques? N'est-ce pas parce qu'ils ont un commencement et une fin en rapport d'égalité avec le milieu? Or, quand le milieu est égal au commencement et à la fin, dans un pied, si chaque partie se compose du nombre pair, ce pied doit avoir au moins six temps. Les pieds de cette espèce ayant deux temps au milieu et deux autres temps à chaque extrémité, le milieu semble se partager de lui-même entre ses deux extrêmes, et,se fondre avec eux dans une égalité parfaite. Cette symétrie ne peut se trouver dans l’amphibraque car les extrêmes, formés d'un temps, ne sont pas égaux au milieu, formé de deux temps. Ajoutons que dans les ioniques et le molosse, le partage du milieu entre ses deux extrêmes produit trois temps de part et d'autre, et l'on peut y retrouver le milieu parfaitement égal à ses deux extrêmes pareillement égaux : cette propriété ne se rencontre pas non plus dans l'amphi braque. — L’E. C'est vrai, et il demeure établi que dans une combinaison de pieds, l'amphibraque choque autant l'oreille que les autres la flattent.
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Prends le meilleur parti, pratique la vertu. ↩
Edition
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De musica (PL)
25.
M. Nihil hic omnino aliud dici aut intelligi potest. Sed cur non etiam ille amphibrachus, quem ab ista numerositate penitus ejiciebamus, hac conditione misceatur spondeo, dactylo, et anapaesto, vel per se ipse numerosum aliquid in musica continuatus efficiat? Potest enim simili ratione media quoque pedis ejus syllaba, quae longa est, plausu dividi; ut cum [Col. 1114] singula tempora singulis lateribus dederit, non jam unum et tria, sed bina tempora levatio positioque sibi vindicent: nisi habes aliquid quod resistat. D. Nihil sane habeo quod dicam, nisi hunc etiam esse admittendum. M. Aliquid ergo plaudamus quaternorum temporum pedibus ordinatum atque contextum, quibus iste commixtus sit, et eodem modo sensu exploremus utrum nihil imparile offendat. Et ideo attende in hunc numerum propter judicandi facilitatem cum plausu tertio repetitum. Sumas optima, facias honesta. Sumas optima, facias honesta, Sumas optima, facias honesta. D. Jamjam, obsecro, parce auribus meis: nam etiam plausu non admoto, ipse per se horum pedum cursus in illo amphibracho vehementissime claudicat. M. Quid igitur putandum est esse causae, ut in hoc fieri non possit quod in molosso et ionicis potuit? an quoniam in illis aequalia sunt medio latera? in numero enim pari, ubi sit medium suis aequale lateribus, primus senarius occurrit. Ergo illi senum temporum pedes quoniam duo tempora in medio possident, et bina in lateribus; libenter quodammodo illud medium cecidit in latera, quibus amicissima aequalitate conjungitur. Non autem idem fiet in amphibracho, ubi sunt imparia medio latera, siquidem in illis singula, in illo duo tempora sunt. Huc accedit quod in ionicis et molosso medio in latera soluto, terna fiunt tempora, in quibus rursum medio pari paria latera inveniuntur; quod item defit amphibracho. D. Ita res est ut dicis: nec immerito amphibrachus in illa serie offendit auditum, hi vero etiam delectant.