16.
Parmi ces biens de l'ancienne alliance, appartenant au vieil homme, on désire principalement la durée de cette vie; on veut la prolonger le plus longtemps qu'on peut, car on ne peut la prolonger toujours. Tous savent que le jour de la mort arrivera, et cependant tous ou presque tous s'efforcent de reculer ce jour, même ceux qui espèrent vivre plus heureuse ment après la mort; tant nous sommes sous l'empire de cette douce union de l'âme et du corps ! Car jamais personne n'a haï sa propre chair 1 ; et c'est pourquoi l'âme ne veut pas, même pour un temps, se séparer de la faiblesse de sa chair, quoiqu'elle espère, à la fin des siècles, la retrouver éternellement sans infirmité. C'est pourquoi l'homme pieux, soumis par l'intelligence à la loi de Dieu, mais traînant par la chair les désirs de péché 2, auxquels l'Apôtre nous défend d'obéir, aspire à voir rompre ses liens pour être avec le Christ 3, il appréhende d'être séparé de sa chair; si c'était possible, il ne voudrait pas en être dépouillé, mais en être comme revêtu par-dessus, afin que ce qui est mortel fût absorbé par la vie 4, c'est-à-dire afin que le corps même passât, sans la mort, de son état infirme à l'immortalité.