5.
« Mais, disent-ils, il n'est pas juste que dans une seule et même cause mauvaise, l'un soit délivré, l'autre puni. » Il serait donc juste que l'un et l'autre fussent punis : qui le niera? Alors rendons grâces au Sauveur qui nous remet la peine méritée, et ne nous condamne pas comme d'autres qui ne sont pas plus coupables que nous. Si tout homme était délivré, on ne saurait pas ce qui est dû par le péché: si personne ne l'était, on ne connaîtrait pas les bienfaits de la grâce. Dans cette question difficile disons plutôt avec l'Apôtre : « Dieu voulant montrer sa colère et faire éclater sa puissance, supporte avec beaucoup de patience les vases de colère formés pour la perdition, afin de faire paraître les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde. » L'argile ne peut pas lui dire : « Pourquoi m'avez-vous fait ainsi ? » car le potier « a le pouvoir de faire de la même masse un vase d'honneur et un vase d'ignominie 1. » On le voit, toute cette masse ayant été justement condamnée, c'est la justice qui fait le vase d'ignominie, c'est la grâce qui fait le vase d'honneur, non point par un privilège dû au mérite, ni par une nécessité de destinée, ni par un caprice du hasard, mais par la profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu. L'Apôtre n'ouvre pas cet abîme fermé à nos regards, mais il l'admire en s'écriant : « O profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Combien ses jugements sont impénétrables et ses voies incompréhensibles ! Qui a connu la pensée de Dieu ? Qui a été de son conseil? ou qui lui a donné le premier pour en être récompensé? Tout est de lui, par lui et en lui. Gloire à lui dans tous les siècles ! Ainsi soit-il 2. »