Edition Masquer
De doctrina Christiana

CAPUT VI.-- Judaeorum servitus sub signis utilibus.

10. Quae tamen servitus in Judaeo populo longe a caeterarum gentium more distabat; quandoquidem rebus temporalibus ita subjugati erant, ut unus eis in omnibus commendaretur Deus. Et quanquam signa rerum spiritualium pro ipsis rebus observarent, nescientes quo referrentur, id tamen insitum habebant, quod tali servitute uni omnium, quem non videbant, placerent Deo. Quam custodiam tanquam sub paedagogo parvulorum fuisse scribit Apostolus ¹. Et ideo qui talibus signis pertinaciter inhaeserunt, contemnentem ista Dominum, cum jam tempus revelationis eorum venisset, ferre non potuerunt ²; atque inde calumnias, quod sabbato curaret, moliti sunt principes eorum ³; populusque signis illis tanquam rebus adstrictus, non credebat Deum esse, vel a Deo venisse, qui ea sicut a Judaeis observabantur, nollet attendere. Sed qui crediderunt, ex quibus facta est prima Ecclesia Jerosolymitana, satis ostenderunt quanta utilitas fuerit eo modo sub paedagogo custodiri, ut signa quae temporaliter imposita erant servientibus, ad unius Dei cultum, qui fecit coelum et terram, opinionem observantium religarent. Namque illi quia proximi spiritualibus fuerunt (in ipsis enim temporalibus et carnalibus votis atque signis, quamvis quomodo spiritualiter essent intelligenda nescirent, unum tamen didicerant venerari aeternum Deum), tam capaces exstiterunt Spiritus sancti, ut omnia sua venderent, eorumque pretium indigentibus distribuendum, ante Apostolorum pedes ponerent ⁴, seque totos dedicarent Deo tanquam templum novum, cujus terrenae imagini, hoc est, templo veteri, serviebant.

11. Non enim hoc ullas ecclesias Gentium fecisse scriptum est, quia non tam prope invenit erant, qui simulacra manufacta deos habebant.

Traduction Masquer
De la doctrine chrétienne

CHAPITRE VI. UTILITÉ DES FIGURES POUR LES JUIFS.

10. Telle fut la servitude du peuple Juif,, mais cependant bien différente de celle dès autres nations, car toutes les figures sensibles auxquelles il était asservi, le ramenaient sans cesse à la croyance d'un Dieu unique. Tout en prenant pour la réalité les signes des choses spirituelles dont il ig4orait la vraie signification, il avait l'intime conviction de plaire par ce culte servile au Dieu unique, auteur de toutes choses. Cet asservissement fut pour les Juifs, dit saint Paul, ce qu'un précepteur est pour les enfants ¹. Aussi ceux qui restèrent opiniâtrement attachés à ces figures, se soulevèrent contre le Seigneur, qui n'y avait plus aucun égard, alors que le temps était venu où elles devaient recevoir leur accomplissement ². Delà toutes les calomnies que leurs princes ourdirent contre lui, parce qu'il guérissait les malades le jour du sabbat ³. Delà l'obstination du peuple, attaché à ces signes comme à autant de réalités, à ne pas reconnaître comme Dieu, ni comme envoyé de Dieu, celui qui ne professait pas pour eux le même respect que lui. Mais ceux qui crurent à la divinité de Jésus-Christ, et qui formèrent la première église de Jérusalem, furent une preuve bien frappante de l'utilité d'avoir été sous la loi, comme sous un conducteur. Ces- cérémonies figuratives étaient un lien qui rattachait leurs fidèles observateurs au culte du Dieu unique, qui a fait le ciel et la terre. Quoique le sens spirituel de ces figures et de ces obligations charnelles fût voilé à leurs yeux, ils y avaient appris à honorer un Dieu éternel. N'ayant plus qu'un pas à faire pour entrer dans l'intelligence des, choses spirituelles, ils se trouvèrent si bien préparés à l'effusion des dons de l'Esprit-Saint, qu'on les vit vendre tous leurs biens, en déposer le prix aux pieds des apôtres, pour être distribués aux pauvres et se consacrer eux-mêmes tout entiers à Dieu, comme un temple nouveau dont l'ancien n'était que l'image terrestre.